Deux satellites russes auraient pris en chasse un satellite espion américain. Un ballet spatial qui n'est pas du goût de Washington. Évidemment, il n'y a, de la part des Russes, aucune velléité d'attaque, mais plutôt la volonté de montrer leur savoir-faire technologique alors que les États-Unis se dotent d'une force spatiale.


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    L'annonce récente du président américain D. Trump sur la création d'une Space Force fait craindre une escalade des tensions entre puissances spatiales. C'est dans ce contexte qu'un ballet inhabituel de satellites russes autour du satellite espion américain NRO KH11 a suscité l'ire de Washington ! Ces deux satellites ont été détectés par le réseau de surveillance du ciel des États-Unis en train de suivre un de leurs satellites espions.

    Loin d'être un cas isolé, cet incident est, du point de vue américain, « inquiétant et peut créer une situation dangereuse dans l'espace », a déclaré le général John Raymond, chef des opérations de la Force spatiale, dans une déclaration à Business Insider US. Ce qui inquiète le gouvernement américain, c'est moins le risque de collision -- ils sont situés à une distance de sécurité de plus ou moins 160 kilomètres -- qu'une forme d'espionnage spatial qui se matérialiserait par des cyberattaquescyberattaques susceptibles d'accéder aux données du satellite, voire de rendre inopérants ou brouiller ses capteurscapteurs. Le risque de destruction d'un satellite étant quasiment nul dans le sens où les milliers de débris générés deviendraient également une menace pour la flotte de satellites de l'attaquant.

    Vue d'artiste d'un satellite espion KH 11. © Droits réservés
    Vue d'artiste d'un satellite espion KH 11. © Droits réservés

    Ce n'est pas la première fois qu'un satellite russe se fait surprendre. En septembre 2018, dans un discours prononcé au Cnes sur les enjeux de l'espace pour la Défense, Florence Parly, ministre des Armées françaises révélait que le satellite russe Louch-Olymp avait été surpris à proximité immédiate du satellite de télécommunications militaires franco-italien Athena-Fidus, vraisemblablement pour tenter de capter les communications cryptées du satellite.

    Des satellites tueurs en repérage ?

    Cette fois-ci, il ne s'agit pas de Louch-Olymp mais d'un satellite d'un type particulier qui, selon la Russie, a été conçu pour inspecter ses satellites, détecter les dommages et, le cas échéant, les réparer. Si l'on se fie aux commentaires du général John Raymond, ce satellite aurait été lancé en novembre 2019, puis aurait ensuite libéré un second satellite ! Ce second satellite, plus petit, est le plus préoccupant. Il pourrait être doté de brouilleurs ou de laser de façon à empêcher le fonctionnement normal du satellite « attaqué », voire détruire certains de ses composants. Enfin, en dernier recours, il pourrait être utilisé comme une arme. Une hypothèse crédible quand on sait que la Russie a déjà des « satellites tueurs » potentiels en orbite autour de la terre depuis 2013 !

    Cela dit, les États-Unis ont beau jeu de se plaindre du comportement des Russes. Si la Russie et la Chine développent de telles armes, les États-Unis ne sont évidemment pas en reste. Leur drone spatial X-37 suscite les plus vives inquiétudes auprès des ennemis déclarés de Washington. Si le Bureau des capacités et projections rapides de l'U.S. AirAir Force, qui gère le programme X-37BX-37B, se borne à rappeler que ce véhicule sert « à des programmes de réduction de risques, des expériences et des opérations conceptuelles pour développer l'usage de véhicules spatiaux réutilisables », ce véhicule est doté d'une capacité de manœuvrabilité dans l'espace qui lui permet de modifier son orbite et de s'approcher d'autres satellites. Il est également aussi susceptible de libérer ce type de petits satellites depuis sa soute. 

    Enfin, cet incident ne pouvait pas mieux tomber pour la Maison-Blanche qui vient de demander cette semaine un budget de 15 milliards de dollars pour sa force spatiale. En 2018, les États-Unis comptaient 849 satellites en orbite, dont 167 militaires.