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    Le véhicule de test orbital X-37B est un drone spatialdrone spatial de l'armée de l'air des États-Unis. Il est dérivé d'un projet débuté par la Nasa en 1998 et poursuivi par l'agence du Département de la défense américaine, responsable du développement de nouvelles technologies à destination militaire (la Darpa). En 2006, il est repris par un service de l'armée de l'air américaine en charge de la mise en service sur le « terrain » de systèmes d'armes et de soutien au combat (Air Force Rapid Capabilities Office). Il est depuis classé comme un programme confidentiel, ce qui explique pourquoi le public peut avoir accès à un nombre restreint d'informations tandis que d'autres, comme la nature des opérations qu'il effectue, sont classées au niveau du secret défense.

    Ce véhicule, dont la forme et le design sont dérivés du X-40A, est réalisé sous la maîtrise d'œuvre de Boeing. Long de 8,9 mètres et haut de 2,9 mètres, pour une envergure de 4,5 mètres, ce véhicule a une masse au lancement de cinq tonnes (4.990 précisément) et dispose d'une soute d'environ 2 x 1 m. S'il ne peut pas atteindre de manière autonome l'espace, il est placé en orbite par un lanceur Atlas VAtlas V d'ULA ou Falcon 9Falcon 9 de SpaceXSpaceX, il peut retourner sur Terre par ses propres moyens et se poser comme un avion sur une piste d'atterrissage. Il est capable d'évoluer entre une altitude de 180 et 800 kilomètres, avec une capacité à changer d'orbite en cours de missions. Comme propulsion, il utilise vraisemblablement le moteur XR- d'Aerojet de 5 kW.

    Un simple véhicule de test orbital, mais très évolué

    Bien qu'il ait déjà effectué cinq missions dans l’espace, il est toujours présenté comme un véhicule expérimental (X). Cependant, les spécialistes s'interrogent sur sa destination et les utilisations possibles. La Secure World Foundation, une fondation privée promouvant la durabilitédurabilité dans l'espace a réalisé une étude de faisabilité de différents profils de mission pour le X-37B, tout en soulignant que chacune de ces missions pourraient également être accomplies par des moyens plus conventionnels à moindre coût. 

    Si l'on se fie aux déclarations officielles, à ce stade du programme, cet appareil n'est ni plus ni moins qu'un avion expérimental dont la seule avancée majeure semble être sa capacité à rester en orbite plusieurs mois et revenir se poser sur Terre de façon autonome. Sa mission principale est de démontrer la robustesse et la fiabilité des pièces et autres systèmes utilisés pour le construire et à usage de véhicules spatiaux réutilisables. Il est aussi utilisé pour tester tout un tas de nouveaux matériaux, de nouvelles technologies, des instruments d'observation, voire des technologies liées à la maintenance en orbite.

    Un X-37B en cours d'intégration dans son lanceur. Il est vu devant une des deux demi-coiffes et installé au sommet du lanceur. © <em>U.S. Air Force</em>, Boeing
    Un X-37B en cours d'intégration dans son lanceur. Il est vu devant une des deux demi-coiffes et installé au sommet du lanceur. © U.S. Air Force, Boeing

    Il est aussi évident que ce véhicule n'est pas un simple banc de test et qu'il réalise des activités « militaires » d'observation, de collecte d'informations et de manœuvres à proximité de satellites (américains, bien sûr) au profit de l'armée de l'air des États-Unis. Dans un contexte de protection de l'infrastructure spatiale des États-Unis, il est légitime de penser que ce programme pourrait préfigurer un engin spatial résolument offensif, capable d'espionner, voire de mettre hors-service des satellites ennemis.

    Mais comme la sécurité spatiale est aussi conditionnée par une gestion de l'orbite efficiente, l'X-37B pourrait aussi préfigurer un véhicule aux capacités bien plus sympathiques comme l'enlèvement de débris, la désorbitation de satellites en fin de vie ou hors de contrôle et des manœuvres en orbite incluant du remorquage, du ravitaillement en carburant et des réparations par exemple.

    En conclusion, la finalité du projet est floue. Mais c'est la nature même des avions expérimentaux...

    Une succession de records de durée de mission en orbite

    Depuis 2010, date de sa mise en service, cinq missions spatiales ont été réalisées par deux véhicules distincts :

    • OTV-1, du 22 avril 2010 au 3 décembre 2010 (225 jours dans l'espace) ;
    • 0TV-2, du 5 mars 2011 au 16 juin 2012 (469 jours dans l'espace) ;
    • OTV-3, du 11 décembre 2012 au 17 octobre 2014 (674 jours dans l'espace) ;
    • OTV-4, du 20 mai 2015 au 7 mai 2017 (717 jours dans l'espace) ;
    • OTV-5, du 7 septembre 2017 au 27 octobre 2019 (780 jours dans l'espace).

    Et OTV-6, d'ici la mi-2020, avec certainement un nouveau record à la clé ?