Des chercheurs de l’université de Vienne ont testé le pouvoir colonisateur d’une archaea, Metallosphaera sedula sur des fragments d’une météorite (NWA 1172) tombée au nord-ouest de l’Afrique. Étonnamment, elle se développe bien mieux sur la météorite que sur une roche terrestre. Elle laisse également des traces de sa présence qui pourraient servir d’indice pour la recherche d’une vie extraterrestre.


au sommaire


    Les météorites sont au cœur des questions sur la recherche de vie extraterrestre. Plusieurs molécules organiques complexes, comme des sucres ou encore des acides aminés, ont été retrouvées sur nombre d'entre elles. Néanmoins, cela reste difficile d'imaginer des organismes vivants se multiplier dans cet environnement hostile. Pourtant, un organisme en est capable, Metallosphaera sedulaune archaea qui se plaît dans les milieux hostiles. Les résultats d'un équipe autrichienne, publiés dans Scientific Reports, indiquent même qu'elle se développe bien mieux sur les météorites que sur des roches terrestres.

    Bien qu’elles ressemblent morphologiquement aux bactéries, les <em>archaea</em> sont des organismes procaryotes différents génétiquement qui vivent souvent dans des environnements hostiles. © Nasa
    Bien qu’elles ressemblent morphologiquement aux bactéries, les archaea sont des organismes procaryotes différents génétiquement qui vivent souvent dans des environnements hostiles. © Nasa

    Une archaea qui se nourrit de métal

    Sur Terre, M. sedula a été isolée à partir d'un champ de lavelave en Italie, et se plaît dans les milieux chauds et acides, sa température optimale de croissance est de 73 °C ! Chimiolithotrophe, elle est capable d'utiliser des molécules inorganiques pour faire fonctionner sa chaîne respiratoirechaîne respiratoire et produire de l'énergie. « Sur Terre, elle oxyde des ions ferreux, sulfuressulfures et ses dérivés inorganiques. Dans le cas de NWA 1172, c'est surtout des ions ferreux », explique Tetyana Milojevic, chercheuse à l'université de Vienne, à la tête de cette étude. En effet, NWA 1172 est une chondritechondrite de type H5 très riche en ferfer (51,47 % d'oxyde de Fer II) mais aussi en d'autres éléments minérauxminéraux que l'archaea peut utiliser comme source d'énergie.

    Les cellules de <em>M. sedula</em> colonisant la surface de la météorite. © Tetyana Mijolevic
    Les cellules de M. sedula colonisant la surface de la météorite. © Tetyana Mijolevic

    Selon les expériences menées par l'équipe autrichienne, M. sedula double sa population toutes les 21,44 heures sur de la chalcopyrite contre seulement toutes les huit heures sur les fragments de la météorite. La richesse en métauxmétaux de la chondrite lui permet de se multiplier bien plus rapidement que sur de la chalcopyrite qui ne contient qu'environ 30 % de fer. « De plus, la porositéporosité de NWA 1172 pourrait aussi améliorer son taux de croissance. » En puisant dans les éléments minéraux pour survivre, l'archaea laisse derrière elle les stigmatesstigmates de son passage.

    Courbe de croissance de <em>M. sedula</em> sur NWA 1172 en rouge comparée à celle sur la chalcopyrite en bleu. © Tetyana Mijolevic et al.
    Courbe de croissance de M. sedula sur NWA 1172 en rouge comparée à celle sur la chalcopyrite en bleu. © Tetyana Mijolevic et al.

    Les traces d'une vie potentielle

    Outre sa capacité à se développer sur ce substratsubstrat inhospitalier, M. sedula en modifie la surface. La même équipe avait déjà étudié le même phénomène sur le régolithe martien. Sa consommation de minéraux produit des petits agrégats riches en fer de 0,5 à 2 µm de diamètre ainsi que des cristaux d'oxyde de fer.

    Selon les scientifiques, ces traces d'origine biologique pourraient être des indices d'une présence extraterrestre dans l'UniversUnivers. « Cette étude a permis de révéler des "empreintes microbiennes" laissées sur les roches extraterrestres. Ça pourra être utile pour retrouver des biosignatures ailleurs de l'Univers. Si la vie est apparue sur une autre planète, des "empreintes microbiennes" pourraient être toujours intactes sur des échantillons rocheux. »

    Il reste à savoir si elles pourront survivre aux conditions spatiales réelles. « Nous aimerions tester la capacité de survie de M. sedula dans des conditions simulant l'espace ou même des conditions spatiales réelles », explique Tetyana Milojevic. Peut-être seront-elles aussi capables de survivre à la pénétration dans une atmosphèreatmosphère, sur Terre ou ailleurs.