La chambre funéraire du pharaon Kheops serait flanquée de deux antichambres, qui pourraient receler le mobilier du défunt : c’est ce qu’affirme Jean-Pierre Houdin, qui a créé depuis plusieurs années un modèle 3D de la pyramide et des étapes de sa construction. Une équipe canadienne se tient prête pour aller vérifier.

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    Une vue en coupe de la grande pyramide dans le modèle construit grâce à plusieurs logiciels de Dassault Systems (Catia pour la simulation par exemple). On remarque la chambre funéraire avec la grande galerie d'accès, très inclinée par laquelle est censée être montée la procession mais qui aurait, selon Jean-Pierre Houdin, guidé le chariot pour monter les poutres en granit. © Dassault Systems

    Une vue en coupe de la grande pyramide dans le modèle construit grâce à plusieurs logiciels de Dassault Systems (Catia pour la simulation par exemple). On remarque la chambre funéraire avec la grande galerie d'accès, très inclinée par laquelle est censée être montée la procession mais qui aurait, selon Jean-Pierre Houdin, guidé le chariot pour monter les poutres en granit. © Dassault Systems

    À la GéodeGéode, au parc de la Villette, à Paris, des centaines d'invités, lunettes 3D sur les yeuxyeux, ont pu regarder d'étonnantes images de synthèse de l'intérieur de la pyramide de Kheops, qui trône depuis 4.500 ans sur le plateau de Giseh. Réservé ce jeudi 27 janvier à des privilégiés, ce film 3D fera l'objet de deux projections publiques à la Géode les 10 février et 8 mars à 20 heures. Le scénario est signé Jean-Pierre Houdin, un architectearchitecte qui, avec l'aide d'un puissant outil informatique et d'un bon sens certain, avait reconstitué les étapes plausibles de la construction de cette pyramide gigantesque (143 mètres de hauteur), à une époque où la roue n'existait pas. Selon lui, l'édifice aurait été construit de l'intérieur, avec un tunnel montant juste derrière les parements extérieurs.

    Sa nouvelle thèse : la chambre funéraire de Kheops n'est que l'une des pièces d'un appartement. Il existerait, côté nord de cette pièce, deux antichambres, comme dans la pyramide qui abrite le tombeautombeau de Snéfrou, le père de Kheops. L'architecte devenu spécialiste de la constructionconstruction des pyramides appuie sa thèse sur des observations de Bob Brier, un égyptologue américain, suggérant l'existence d'un passage vers une autre pièce. « Lorsqu'on plaque sur le plan que l'on connaît celui de la pyramide Rouge érigée pour Snéfrou, le père de Kheops, tout s'éclaire » a-t-il expliqué.

    Dans le modèle de Jean-Pierre Houdin, les lourdes poutres en granit du plafond de la chambre funéraire, à 43 mètres au-dessus de la base de la pyramide, et dont les plus lourdes pèsent 60 tonnes, auraient été hissées à l'aide d'un contrepoids extérieur coulissant, visible ici. © Dassault Systems

    Dans le modèle de Jean-Pierre Houdin, les lourdes poutres en granit du plafond de la chambre funéraire, à 43 mètres au-dessus de la base de la pyramide, et dont les plus lourdes pèsent 60 tonnes, auraient été hissées à l'aide d'un contrepoids extérieur coulissant, visible ici. © Dassault Systems

    Bientôt un robot, en attendant la thermographie

    Jean-Pierre Houdin conclut de ses simulations 3D l'existence d'un autre passage qui, lui, aurait permis aux derniers accompagnateurs du pharaon de sortir de la pyramide. Selon la thèse en vigueur, en effet, ces dévoués serviteurs du monarque auraient eux-mêmes refermé la chambre funéraire de l'intérieur, se condamnant ainsi à mourir auprès du pharaon. Depuis longtemps, la chambre funéraire a été visitée par des pillards, ce qui pourrait expliquer l'absence d'ossements humains autour du sarcophage.

    Mais, comme l'a souligné Jean-Pierre Houdin, il est tout de même surprenant de n'avoir découvert strictement aucune trace humaine. Selon lui, les membres de la cérémonie sont repartis par les antichambres, refermant le passage derrière eux à l'aide d'une pierre, une hypothèse plausible car, explique-t-il, ce murmur ne soutient aucune charge.

    Une équipe canadienne, menée par Xavier Maldague, de l'Université Laval (qui était présent à la Géode), espère vérifier ces hypothèses à l'aide d'un système de thermographie modulé, une technique de sondage non destructif. Il reste à obtenir l'autorisation des autorités égyptiennes, c'est-à-dire du responsable du Conseil suprême des antiquités, Zahi Hawass, lequel a déjà donné son accord pour une autre mission. Au printemps prochain, en effet, une équipe de l'Université de Leeds (Royaume-Uni) explorera la pyramide à l'aide d'un petit robotrobot dénommé Djedi.