La Nasa a donné son feu vert à une mission robotique à destination d'un astéroïde pour y prélever un rocher de quatre mètres et le ramener à proximité de la Lune afin d'envoyer des astronautes l'explorer. Controversée au sein même de la Nasa, cette mission, est présentée comme une étape avant une mission habitée sur Mars.

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    Après plusieurs mois de tergiversations, la Nasa a finalement donné son feu vert à la poursuite de sa mission de capture d’un astéroïde (ARMARM, Asteroïd Return Mission) et décidé qu'elle ira chercher un bloc rocheux de quelques mètres pour le ramener autour de la Lune. Une autre option était à l'étude. Elle prévoyait l'utilisation d'un « big bag » pour capturer un astéroïde d'une dizaine de mètres. Elle a été abandonnée au motif qu'il était difficile d'en trouver un à proximité de la Terre qui corresponde aux critères de la mission (en taille et en orbite).

    L'option choisie est la plus difficile des deux. La plus chère aussi, plus coûteuse d'environ 100 millions de dollars. Elle parie sur l'utilisation de bras robotisés pour prélever un bloc rocheux (et non pas l'arracher) sur la surface d'un astéroïde et l'amener sur une orbite rétrograde autour de la Lune pour être visité par des astronautesastronautes. Cet astéroïde n'a pas encore été choisi mais il existe une liste de présélection qui comprend les astéroïdes Itokawa (visité par HayabusaHayabusa en 2005), Bennu et 2008 EV5, ce dernier étant fortement pressenti. D'une taille d'environ 400 mètres de large, cet astéroïde a déjà fait l'objet d'une étude poussée. Il était un des objets envisagés dans le cadre de la mission de retour d'échantillons MarcoPolo-R et avait également été proposé à l'Agence spatiale européenneAgence spatiale européenne pour devenir la mission M3 du programme scientifique de l'Esa. Mais cette mission n'avait pas été retenue lors de la sélection survenue en février 2014 qui a abouti au choix de Plato, pour la recherche de planètes extrasolairesplanètes extrasolaires.

    Dans la décennie 2020, en ramenant un gros rocher à proximité de la Lune, la Nasa veut donner à ses astronautes une nouvelle destination, consciente que la Station spatiale internationale ne durera pas <em>ad vitam æternam</em>. © Nasa

    Dans la décennie 2020, en ramenant un gros rocher à proximité de la Lune, la Nasa veut donner à ses astronautes une nouvelle destination, consciente que la Station spatiale internationale ne durera pas ad vitam æternam. © Nasa

    Le calendrier, optimiste, de la Nasa prévoit un lancement en 2020, de sorte qu'elle a jusqu'en 2019 pour choisir l'astéroïde cible. Une fois le rocher récupéré et installé en orbite autour de la Lune, des équipages d'astronautes le visiteront à intervalles réguliers pour l'étudier et rapporter des échantillons. À l'issue de cette phase purement scientifique et en fonction du degré de l'implication du secteur privé dans cette mission, des entreprises seraient elles aussi autorisées à s'y rendre, sous certaines conditions. Le but : tester des technologies précurseurs à une exploitation minière des astéroïdes et jeter les bases d'une nouvelle économie.

    Vers une mission habitée sur Mars

    L'objectif à long terme de la Nasa reste une mission habitée sur Mars et cette mission de capture est l'un des moyens d'y parvenir. C'est du moins l'avis de la Nasa qui veut croire que la mission ARM fournira une première démonstration de plusieurs systèmes, dont le système d'atterrissage et le mécanisme de capture, qui seront nécessaires pour envoyer des astronautes vers des destinations lointaines dans l'espace, comme Mars. Tout le monde ne partage pas cette vision. De nombreuses voix s'élèvent contre cette mission au budget important, environ 1,25 milliard de dollars hors coûts de lancement, et doutent de l'utilité de cette étape avant Mars. Ceux-là voient mal le rapport entre la récupération d'un rocher et une mission habitée à destination de la Planète rouge.

    Pour sa défense, la Nasa justifie son choix par la nécessité de trouver une nouvelle destination à ses astronautes à l'horizon 2025, après la fin de la Station spatiale internationale et l'intérêt que certains de ses partenaires dans le programme de l'ISSISS portent à ce projet. La Nasa n'a pas souhaité révéler le nom des pays intéressés ni la nature des partenariats qui pourraient être noués et le rôle qu'ils pourraient jouer dans cette mission.