Deux chercheurs canadiens ont analysé les résultats des qualifications à la Coupe du monde de foot entre 1998 et 2010. D’après eux, le processus ne permet pas forcément de qualifier les 32 meilleures équipes au monde.

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    La FIFA qui organise la Coupe du monde de foot tous les 4 ans compte 208 associations membres dans le monde, qui toutes revendiquent une place en phase finale. Mais les 32 places sont-elles attribuées de manière juste du point de vue scientifique ?

    Les faits : des intérêts sportifs et financiers

    Le football est le sport le plus joué au monde et la Coupe du monde représente un événement mondial majeur, qui captive des milliards de téléspectateurs pendant un mois, et engendre des milliards de revenus pour la FIFA. Une étude parue dans la revue Soccer & Society suggère qu'il faudrait plus de transparencetransparence dans les qualifications car la FIFA pourrait être accusée d'être davantage guidée par des gains commerciaux que par la qualité du jeu.

    En effet, la qualification d'une équipe apporte des bénéfices financiers au pays puisque chaque nation qualifiée reçoit 8 millions de dollars de la part de la FIFA. À ceci s'ajoutent les contrats de licences pour les retransmissions télévisuelles et l'impact souvent positif sur la consommation. Le fait d'accueillir la Coupe du monde apporte aussi des financements étrangers et des opportunités de relancer l'économie locale grâce aux sponsors et aux touristes.

    Dans leur article, les deux chercheurs de la Sprott School of Business d'Ottawa décryptent les qualifications à la Coupe du monde organisées par la FIFA entre les 6 confédérations de pays membres : CONCACAF (Amérique du Nord, Centrale et Caraïbes), CONMEBOL (Amérique du Sud), AFC (Asie), CAFCAF (Afrique), UEFA (Europe) et OFC (Océanie). Ils voulaient savoir si le processus était efficace pour qualifier les 32 meilleures équipes mondiales.

    Classement des 32 pays participant à la Coupe du monde 2010. L’Uruguay (en vert clair) est allé en demi-finale alors qu’il a failli ne pas être qualifié. © WikiAnthony, Wikimedia Commons, cc by sa 3.0

    Classement des 32 pays participant à la Coupe du monde 2010. L’Uruguay (en vert clair) est allé en demi-finale alors qu’il a failli ne pas être qualifié. © WikiAnthony, Wikimedia Commons, cc by sa 3.0

    Décryptage : une répartition entre confédérations contestable

    D'après les résultats présentés dans l'article, le système actuel ne permettrait pas de s'assurer que l'on qualifie les 32 meilleures équipes au monde. Un des problèmes vient du nombre de places automatiquement attribuées aux confédérations.

    En effet, la CONMEBOL et l'UEFA qui représentent moins de 20 % des membres de la FIFA, mais qui comprennent l'Allemagne, l'Angleterre, l'Argentine, le Brésil, l'Espagne, la France, l'Italie et les Pays-Bas, obtiennent la moitié des 32 places de qualification. Ce sont des pays où le marché lié au foot est très développé, par rapport aux pays d'Afrique et d'Asie. Pourtant, le football se développe aussi dans ces pays, sans que ces équipes ne semblent avoir plus de chances d'accéder à l'épreuve finale. Les nations asiatiques comptent beaucoup de footballeurs actifs : la Chine (1e), l'Inde (3e), l'Indonésie (7e) et le Bangladesh (9e).

    Pour illustrer une faille du système, les auteurs citent le cas de l'Uruguay lors de la Coupe du monde 2010. Cette équipe était la 5e de la CONMEBOL ; pour se qualifier, elle a dû rencontrer le 4e de la CONCACAF, le Costa Rica, lors de matches entre confédérations. L'Uruguay est allé en coupe du monde et n'a chuté qu'en demi-finale...

    No panic : une amélioration du système est possible

    Les auteurs proposent d'encourager les rencontres entre confédérations en phases qualificatives. Par exemple, le nombre de places automatiquement attribuées pourrait être réduit pour chaque région pour laisser seules les meilleures équipes de chaque région accéder à la coupe et les places restantes seraient attribuées lors de matches entre confédérations. Actuellement 30 places sont pré-attribuées aux confédérations (incluant celle du pays hôte) ; les auteurs proposent de limiter ce nombre à 16. Les équipes qui auraient échoué en phase qualificative de leur confédération auraient toujours une chance de se qualifier en rencontrant les équipes des autres confédérations.

    Enfin, la répartition des pays en confédérations laisse parfois songeur : l'Australie, qui était l'un des pays forts de l'OFC est passée dans l'AFC, ce qui a laissé la Nouvelle-Zélande meilleure équipe de l'OFC, une confédération composée de petites nations. L'OFC ne devrait-elle pas rejoindre l'AFC ?