Depuis la désintégration d'une météorite de 10.000 tonnes le 15 février dans le ciel de l'Oural au-dessus de la ville de Tcheliabinsk, des milliers de personnes se sont lancées fiévreusement dans la quête des restes de cet objet, pendant que d'autres ont travaillé derrière leur ordinateur pour en reconstituer la trajectoire. Voici l'état des recherches deux semaines après l'événement.

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    Faut-il encore rappeler les faits ? Le vendredi 15 février au matin, les habitants de l'Oural voient une énorme boule de feu traverser le ciel à plus de 60.000 km/h avant de se désintégrer à environ 15 km de la surface terrestre, libérant une puissance estimée à 500 kilotonnes de TNT (30 fois la puissance de la bombe d'Hiroshima). L'onde de choc qui accompagne cette météorite (dont la masse est estimée entre 7.000 et 10.000 tonnes) souffle de nombreuses vitresvitres et même certains bâtiments (les dégâts ont été estimés à 25 millions d'euros), blessant plusieurs centaines de personnes. La Terre n'avait pas connu pareil phénomène depuis la catastrophe de la Toungouska le 30 juin 1908.

    Depuis deux semaines, de très nombreux chercheurs de météorites (amateurs ou professionnels) s'activent dans la région à la recherche de débris. Une centaine de fragments ont déjà été retrouvés, dont un bloc d'un peu plus d'un kilogramme, principalement autour du lac Tchebarkoul. La plus grosse pièce s'y cache peut-être : un trou de plusieurs mètres de diamètre dans la surface gelée du lac laisse penser qu'un bloc de 60 cm de diamètre pourrait bien reposer sur le fond ! On imagine sans peine la fièvrefièvre qui règne dans la région, chaque morceau de météorite ayant une valeur supérieure au cours de l'or. Les scientifiques et la police fédérale russe mettent d'ailleurs en garde les acheteurs naïfs face à l'apparition de petites annonces de vente de morceaux de la météorite de l'Oural sur la Toile, morceaux dont l'identification est loin d'être certaine.

    Les dix dernières minutes de la trajectoire dans l'espace de la météorite de l'Oural le 15 février 2013 telle qu'elle a été reconstituée par deux chercheurs colombiens à partir des enregistrements vidéo du passage de la météorite. Elle a traversé le ciel à plus de 60.000 km/h avant de se désintégrer. © Jorge Zuluaga, Ignacio Ferrin

    Les dix dernières minutes de la trajectoire dans l'espace de la météorite de l'Oural le 15 février 2013 telle qu'elle a été reconstituée par deux chercheurs colombiens à partir des enregistrements vidéo du passage de la météorite. Elle a traversé le ciel à plus de 60.000 km/h avant de se désintégrer. © Jorge Zuluaga, Ignacio Ferrin

    Un petit astéroïde de type Apollo

    À l'université d'Antioquia (à Medellín, en Colombie), très loin de l'agitation en cours dans les environs du lac Tchebarkoul, deux chercheurs, Jorge Zuluaga et Ignacio Ferrin, se sont penchés sur les nombreuses vidéos et images du passage de la météorite dans le ciel de l'Oural, prises depuis l'espace par des satellites ou au sol par les caméras de surveillance des axes routiers. En effectuant des triangulationstriangulations, les deux chercheurs colombiens sont parvenus à déterminer l'orbite, la trajectoire et le point de chute de la météorite qu'ils présentent dans un article publié sur arxiv.

    Selon eux, la météorite de Tcheliabinsk appartient à la famille des astéroïdes géocroiseursgéocroiseurs de type ApolloApollo, dont les orbites croisent celle de la Terre. L'un de ces célèbres géocroiseurs n'est autre que Toutatis, un astéroïdeastéroïde de 4,6 km de long, dont la dernière approche remonte à décembre 2012. Si l'on estime à environ 3.000 le nombre d'astéroïdes Apollo de plus d'un kilomètre, ils pourraient être 80 millions de la taille de la météorite de l'Oural !

    D'après les calculs des chercheurs qui ont retracé l'orbite de cette météorite dans une vidéo, ce petit astéroïde a traversé l'atmosphèreatmosphère terrestre à une vitessevitesse comprise entre 13 et 19 km/s, sa combustioncombustion ayant commencé entre 32 et 47 km d'altitude, la désintégration se produisant entre 14 et 20 km d'altitude avant que les morceaux finissent leur course du côté du lac Tchebarkoul. Les deux chercheurs continuent à affiner leurs calculs. Prochain objectif : obtenir une orbite la plus précise possible pour reconstituer la trajectoire de la météorite de l'Oural au milieu des étoiles et rechercher sa trace sur des images d'archives obtenues par des télescopes. Sans le savoir, des astronomesastronomes ont peut-être photographié cet astreastre quelques heures avant son arrivée remarquée sur Terre...