Début Juin, les premiers résultats de l'intrument THEMIS embarqué sur la sonde américaine Mars Odyssey en orbite depuis 2002 autour de la planète rouge ont été rendus publiques.
Philip Christensen, responsable de l'instrument THEMIS (pour Système d'Imagerie des Emissions Thermiques) et son équipe ont publié les premières analyses des données fournies par cet instrument dans la sérieuse revue américaine Science datée du 6 juin.


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    L'instrument THEMIS

     L'instrument complexe THEMISTHEMIS de Mars OdysseyMars Odyssey a scruté la surface de la planète durant un an, fournissant ainsi aux chercheurs des images infrarouges d'une précision remarquable révélants les variations de températures du sol martien.
    Ces images révèlent des détails géologiques qui étaient impossibles à discerner auparavant avec les autres équipement scientifiques.
    La caméra de la sonde Mars Global Surveyor a pris comme vous le savez de sublimes images des formations géologiques martiennes.
    Philip Christensen compare la caméra de MGS et le THEMIS d'Odyssey : "La caméra de Mars Global Surveyor prend des images exquises qui montrent des couches sur le sol martien, mais cela ne me dit rien de leur composition - qu'est-ce qu'une couche de rochers recouverte de sablesable ? Je n'ai aucune façon de le savoir avec une simple image. Avec les données de température du THEMIS, je peux m'en faire une idée car chaque couche de roche a des températures et des propriétés chimiques différentes."

     L'instruments THEMIS prend une image infrarouge de la zone géologique étudiée le jour et une autre la nuit, révélant ainsi les différences de températures entre les composants du sol.

    Les chercheurs peuvent par exemple grâce à ces images différencier le sable ou les poussières des rochers durs, comme n'importe quel bado sur la plage différencie le sable fin à la roche, l'un est chaud au touché tandis que l'autre est froid (car il transmet plus de chaleur vers l'intérieur), inversement la nuit quand les matériaux solides conservent la chaleur tandis que le sable reffroidit plus rapidement.
    Ci-contre une photographiephotographie infrarouge prise par le THEMIS le jour (à gauche) et la nuit (à droite). (Crédit : NASA/JPLJPL)


    Des signes d'érosion autour d'un cratère d'impact, preuve d'importantes modifications de l'environnement martien... (crédit : NASA/JPL/MSSS)


    Des évènement géologiques récents

    L'équipe de l'instrument THEMIS a ainsi repéré des rochers accumulés sur des collines martiennes qui n'étaient pas recouverts de sable ni de poussière.
    Or, Philip Christensen explique que "si ces rochers avaient été produits il y a des milliards d'années, ils seraient couverts de poussière".
    Celà indique donc que cette surface étudiée a été témoin de changements récents dans l'environnement martien. De possibles coulées d'eau sous-terraines émergentes auraient probablement pû déplacer et éroder ainsi ces rochers sur les flancs des collines.

    Cette observation inatendue, réalisée parmi bien d'autres grâce à ce fabuleux instrument, montre que la planète rouge n'est pas une planète morte, un désertdésert venteux rouge et sans vie... C'est une planéte "dynamique, un endroit actif" affirme Philip Christensen qui ajoute que les données obtenues par l'instrument THEMIS "vont révolutionner notre cartographie de la planète et notre idée de sa géologiegéologie".
    Les différentes analyses des données de l'intrument de Mars Odyssey révèlent une planète régie par des méchanismes complexes non encore expliqués. M. Christensen estime que "cela va occuper les spécialistes de la planète Mars pendant les 20 prochaines années" !


    Cette image a été obtenue grâce à des photographies combinées de la caméra de Mars Global Surveyor et du THEMIS de Mars Odyssey. Les zones colorées en magenta sont riches en olivine, l'eau n'a donc jamais coulé dans ce magnifique canyon, Ganges Chasma. (crédit : NASA/JPL)

    Découverte de régions sèches

    Cependant, l'instrument THEMIS a également détecté des régions de la planète qui ne peuvent pas être exposées à l'eau liquide en raison de la présence d'olivineolivine, un minéralminéral qui se décompose en présence d'eau.
    S'il y avait eu de l'eau dans ces régions, l'olivine aurait disparu. Philip Christensen déclare : "Nous savons que certains lieux de la surface martienne ont eu de l'eau, mais ici nous voyons que certains n'en ont pas et n'en ont jamais eu", "cela nous donne une perspective intéressante de l'eau sur Mars".
    Les formations géologiques observées dans ces régions ne peuvent donc pas être expliquée par l'action de l'eau mais par d'autres méchanismes dont seule la planète rouge connait pour l'instant le secret...

    "Une planète fascinante"

    La petite sonde Mars Odyssey n'a pas chômé depuis qu'elle est arrivée avec succès en orbiteorbite martienne en 2002.
    Elle nous a révélé grâce à ses instruments sophistiqués que Mars regorge de glace, bien plus qu'on ne le pensait auparavant.
    De nombreux processus ont été observés au niveau de ravines probablement formées par de la neige d'eau. Le sol martien semble être recouvert de différentes couches et des mechanismes implicants les volcansvolcans, les cratères et le ventvent sont à l'étude.
    Mars est plus que jamais le paradis des géologuesgéologues avec une richesse et une complexité qui lui était jusqu'alors inconnue.
    "Nous avons découvert que Mars a une histoire géologique vraiment dynamique", "c'est une planète fascinante" confie Philip Christensen.

    La planète rouge a toujours fasciné les humains depuis la nuit des temps, et ce n'est pas près de s'arrêter !
    Peut-être les prochaines missions qui arriveront dans quelques mois sur Mars pourront-elles nous éclaircir sur ces mystères ?
    TerraTerra Meridiani, le site d'atterrissage du roverrover MER-B OpportunityOpportunity, a d'ailleurs fait l'objet d'observations intéressantes par le THEMIS qui dévoile une région géologiquement active.

    Affaire à suivre...