La nébuleuse M 20, connue également sous le nom de nébuleuse Trifide, fait partie des objets astronomiques les plus photogéniques. L'astrophotographe américain Robert Gendler vient d'en réaliser un nouveau portrait saisissant.
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L'observation visuelle des nébuleuse est assez frustrante pour les astronomesastronomes amateurs. Placé dans des conditions de faible luminositéluminosité, notre œilœil utilise sa partie la plus sensible constituée de bâtonnetsbâtonnets pour nous fournir une image en noir et blanc. C'est donc une vision assez terne que découvrit l'astronome français Charles MessierCharles Messier le 5 juin 1764 alors qu'il observait la constellation du Sagittaire. Messier catalogua l'objet en vingtième position sur sa liste des objets célestes nébuleux, le notant comme « un amas d'étoiles de huitième et neuvième magnitudes environné de nébulosité ». Messier ne pouvait imaginer qu'il venait de découvrir ce qui allait devenir le fleuron de son catalogue.
Il faut dire que M 20, avec une déclinaison de -23 degrés, est un objet céleste assez austral pour les observateurs européens, souvent grignoté par la pollution atmosphérique. Il fallut attendre un voyage à l'observatoire du cap de Bonne-Espérance au XVIIIe siècle pour que l'astronome britannique John Herschel découvre que la nébuleuse se scinde en trois morceaux, ce qui lui vaut depuis le nom de Trifide. Les filaments qui découpent M 20 en trois pétalespétales forment une nébuleuse sombre que l'astronome américain Edward Barnard catalogua sous le nom de B 85 au début du XX siècle. Ces filaments de poussière sont sans doute des restes de supernovaesupernovae et d'étoiles géantesétoiles géantes froides. Sans les tentacules de B 85, la Trifide n'aurait pas cet aspect de fleur céleste.
Perdue dans la Voie lactée, la Trifide (flèche rouge) n'est pas la seule nébuleuse visible sur cette spectaculaire image. Crédit Serge Brunier
Du rouge et du bleu plein les yeux
Pour retrouver la Trifide au milieu du fourmillement d'étoiles de la Voie lactéeVoie lactée, vous pouvez zoomer dans une spectaculaire image réalisée en 2006 par l'astrophotographe Serge Brunier depuis le désertdésert d'Atacama au Chili. La partie principale de la nébuleuse M 20 se révèle en rouge. Cette couleurcouleur est le résultat de l'ionisationionisation d'un immense nuagenuage d'hydrogènehydrogène et de poussière par le rayonnement de jeunes astresastres chauds. Regroupées au centre de la nébuleuse à émissionémission, ces étoiles forment un amas qui avait déjà été remarqué par Messier. Autour de la nébuleuse à émission rouge, les photographiesphotographies dévoilent une nébuleuse par réflexion bleue. Pas assez chauffée pour être ionisée, cette nébuleuse poussiéreuse se contente de réfléchir la lumièrelumière de quelques étoiles voisines. C'est dans la partie nord de M 20 que la nébuleuse à réflexion dans le bleu est particulièrement visible.
A 53 ans, l'amateur américain Robert Gendler s'est déjà fait une solidesolide réputation d'astrophotographe talentueux. Cette fois, Gendler n'a pas réalisé cette image depuis son observatoire du Connecticut. Il a confié les prises de vues à R. Hannahoe depuis l'observatoire Moorook en Australie. Gendler a ensuite assemblé et retouché les clichés pris avec différents filtres pendant un total de 35 heures avec un télescopetélescope de 40 centimètres de diamètre et une caméra CCDCCD. Le résultat de toute beauté aurait comblé de bonheur Charles Messier !