Apophis, qui passera à seulement 32.000 kilomètres de la Terre en avril 2029 — vendredi 13 pour être précis — sera visité par une sonde spatiale. La Nasa a décidé de prolonger la mission d’Osiris-Rex et de la détourner à destination d’Apophis dès qu’elle aura livré les échantillons de Bennu qu’elle ramène sur Terre. Pendant 18 mois, elle étudiera de près cet astéroïde qui a été perçu, un temps, comme une menace pour la Terre.


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    Osiris-RexOsiris-Rex est une des huit missions que la Nasa a décidé de prolonger. Cette mission est en vol à destination de la Terre pour rapporter des échantillons de la surface de l’astéroïde Bennu qu'elle a récupérés en octobre 2020 et qui devraient être livrés à la Terre en septembre 2023. Après cela, elle se dirigera vers l'astéroïde Apophis qu'elle atteindrait en 2029, peu après être passé à seulement 32.000 kilomètres de la Terre le 13 avril 2029. La sonde, qui sera renommée Osiris-ApexApex pour Apophis-Explorer, ne se mettra pas en orbite autour d'Apophis mais volera à proximité pendant environ 18 mois. Ce sera la première occasion d'étudier d'aussi près un astéroïde de type S.

    L'astéroïde Apophis, qui mesure environ 350 mètres de diamètre, fait régulièrement les gros titres de la presse depuis sa découverte en 2004, en raison des risques faibles -- mais non nuls puis, finalement écartés -- de collision avec la Terre à échéance tout de même assez lointaine.

    Notez que, si les derniers calculs de trajectoire ont exclu un risque de collision ces 100 prochaines années, les « dernières observations radar d'Apophis ont indiqué qu'il pourrait s'agir d'un astéroïde binairebinaire en contact, c'est-à-dire constitué de deux lobes rocheux liés par la gravité, ce qui pourrait produire des effets intéressants, mais sans risque, lors de son passage près de la Terre », nous explique Patrick Michel, directeur de recherche au CNRS à l'Observatoire de la Côte d'Azur, investigateur principal de la mission HeraHera de l'ESA et co-investigateur de nombreuses missions internationales. Apophis est donc un « formidable laboratoire naturel pour observer et comprendre les effets de marrée sur un objet passant au plus près de la Terre ». 

    Cette animation montre la distance entre l'astéroïde Apophis et la Terre au moment de l'approche la plus proche de l'astéroïde. Les points bleus sont les nombreux satellites artificiels qui orbitent autour de notre planète, et le rose représente la Station spatiale internationale. © Nasa, JPL-Caltech
    Cette animation montre la distance entre l'astéroïde Apophis et la Terre au moment de l'approche la plus proche de l'astéroïde. Les points bleus sont les nombreux satellites artificiels qui orbitent autour de notre planète, et le rose représente la Station spatiale internationale. © Nasa, JPL-Caltech

    Une manœuvre inédite pour balayer la surface d'Apophis

    Osiris-Apex ne pourra pas récupérer des échantillons d'Apophis mais utilisera ses propulseurspropulseurs près de la surface pour déblayer un peu ce qui est en surface et voir ce qu'il y a juste en dessous. Pour comprendre le très grand intérêt scientifique de cette manœuvre, il faut savoir que de manière générale, il est difficile de déterminer la composition exacte des astéroïdes à partir des images spectrales, car les signatures spectrales se ressemblent et, de plus, certains éléments sont volatiles et ont pu s'échapper dans l'espace.

    Voir aussi

    Qu’arrivera-t-il à l’astéroïde géant Apophis quand il frôlera la Terre en 2029 ?

    Les éléments visibles en surface ne correspondent donc pas toujours à ceux qui sont en dessous et il est donc intéressant de creuser et de prélever un échantillon ou, dans le cas de la mission en question, d'allumer les propulseurs près de la surface pour la balayer.

    Techniquement, la mission n'est pas sans risque tient à souligner la Nasa. La trajectoire qu'empruntera la sonde pour rejoindre Apophis l'amènera à moins d'une demi-unité astronomiqueunité astronomique du SoleilSoleil. Pour rappel, une UA correspond à environ 150 millions de kilomètres, soit la distance qui sépare la Terre du Soleil. Or, la sonde n'a pas été conçue pour voler « aussi près » du Soleil, de sorte qu'il sera nécessaire de faire un suivi quasi permanent de l'état général de la sonde et de ses charges utiles et scientifiques.