Dans le nord-est de la Chine, c'est un tableau bien mystérieux qu'ont découvert les archéologues. Enterrés dans des fosses datant du Néolithique, des dizaines de squelettes de femmes et d'enfants présentent une particularité : ils ont été décapités. Une pratique inhabituelle qui serait le marqueur de violents affrontements entre les tribus de l'Antiquité.


au sommaire


    Les morts peuvent parfois parler. Au nord-est de la Chine, la découverte de dizaines de squelettes décapités sur le site archéologique de Honghe impressionne les chercheurs. Un véritable charnier, une fosse commune regroupant femmes et enfants témoigne de la violence d'affrontements entre peuplades durant le Néolithique. Face à la cruauté du traitement infligé aux individus déterrés, les scientifiques se questionnent sur la portée d'un tel acte : simple brutalité aveugle, attaque ciblée ou ritualisation de la mort ? Ou tout cela à la fois ?

    Les chasseurs de têtes du Néolithique

    Depuis sa découverte dès les années 1990, le site de Honghe, situé dans la province du Heilongjiang, a été fouillé plusieurs fois. En trois décennies, les découvertes se sont avérées prolifiques. Outre des artefacts variés comme des poteries, les archéologues ont exhumé 68 squelettes. Une spécificité : la tête manque à 41 d'entre eux. Quelques crânescrânes ont été retrouvés dans les secteurs environnants, mais la majorité des têtes manquent.

    Sur 41 squelettes décapités, seuls des femmes et des enfants. Comme si ces derniers avaient fait l'objet d'une fureur ciblée de la part de tribus ennemies. Dans une étude publiée en septembre dans Archaeological and Anthropological Sciences, plusieurs théories sont émises. Les individus auraient été attaqués alors que les hommes de la tribu étaient éloignés du campement. Une idée privilégiée au vu des analyses menées sur les corps. Dans le charnier, les chercheurs déterminent que 32 squelettes ont été brutalisés et tués lors d'un raid unique. En revenant au campement, les hommes de la tribu pourraient avoir enterré les cadavres dans des cavités distinctes avant de quitter les lieux définitivement.

    Quarante-et-un squelettes décapités ont été retrouvés sur le site de Honghe, au nord-est de la Chine. © Qian Wang, Texas A&M University School of Dentistry
    Quarante-et-un squelettes décapités ont été retrouvés sur le site de Honghe, au nord-est de la Chine. © Qian Wang, Texas A&M University School of Dentistry

    Énigme anthropologique

    Les squelettes de Honghe suscitent l'intérêt des anthropologues. Cette découverte singulière met en exergue la violence des luttes entre nomades durant l'Antiquité en Chine, l'attaque ayant été ciblée. Reste à comprendre les raisons d'un tel déchaînement. Certains peuples de la Chine du Néolithique prélevaient la tête de cadavre à des fins rituelles. La décapitation était un moyen pour le vainqueur d'assimiler l'âme et l'énergie vitale de la personne tuée au combat. La tribu attaquée à Honghe il y a 4 100 ans était une communauté de chasseurs-pêcheurs, ayant constitué un système de défense autour du lieu de vie. La région aurait pu être sous le coup de conflits larvés entre différentes sociétés ayant vécu vers 2 000 avant J.-C.

    L'étude publiée au mois de septembre dresse une analyse des velléités derrière ces décapitations, puisant dans l'histoire d'autres peuples à travers le monde pour comprendre les raisons d'une telle violence. Sans plus d'éléments concrets, les thèses étayées dans l'article ne restent qu'hypothétiques... Tout en faisant la lumièrelumière sur un événement rare au cœur de la Chine antique.