Se porter volontaire pour le test de nouveaux médicaments est une activité lucrative, mais qui n'est pas dénuée de risque. Six londoniens viennent d'en faire l'amère expérience…

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    Un test clinique qui tourne mal...

    Un test clinique qui tourne mal...

    "Ils ressemblent à Elephant Man..."

    Ils étaient huit cobayes, âgés de 18 à 30 ans. Contre la rondelette somme de 2 300 livres (3 300 euros), ils avaient accepté de participer au test clinique d'un nouveau médicament, le TGN 1412, dans les locaux de l'hôpital Northwick Park, à Londres.

    Peu après l'administration du principe actif, dévolu entre autres à la lutte contre les leucémies, six d'entre eux - ceux qui n'avaient pas reçu de placeboplacebo - se sont plaints de maux de têtes et d'une transpiration excessive, avant de sombrer dans l'inconscience. Transférés aux soins intensifs, les cobayes passés en quelques minutes de l'état de « personne en bonne santé » à celui de « patient dans un état critique » ont gonflé sous les yeuxyeux de leurs proches. Ces derniers, impuissants, baignaient dans l'incompréhension : « Sa poitrine est gonflée et son visage est tout enflé. ... Les médecins n'ont pas de remède... Selon eux, il peut mourir à tout moment, et il a besoin d'un miracle » décrivait sans mâcher ses mots Myfanwy Marshall, amie de l'un des cobayes.

    Un petit miracle qui répare (en partie) une grosse erreur

    Heureusement, pour quatre de ces cobayes, le miracle a eu lieu. Suite à l'administration d'anti-inflammatoires, leur état s'est amélioré, et ils ont repris connaissance. Deux d'entre eux peuvent désormais se passer complètement d'assistance respiratoire, et les médecins se sont montrés très rassurants. Cependant, deux londoniens demeurent encore dans un état critique.

    Le médicament mis en cause avait été développé par TeGenero, une société allemande. En avril 2005, l'Agence européenne des médicaments avait considéré que ce principe actif, destiné au traitement de maladies orphelinesmaladies orphelines, présentait un intérêt médical non négligeable.

    La phase I du test, qui a vu les six cobayes dépérir, faisait suite à des expériences menées sur des animaux. Cette campagne avait reçu, le 5 juillet 2005, l'aval de l'Agence britannique en matièrematière de médication...