En inactivant un gène spécifique, des scientifiques sont parvenus à allonger la vie de cellules souches de différents tissus chez la souris, freinant ainsi les effets du vieillissement.

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    Note : les Bulletins Electroniques (BE) sont un service ADIT et sont accessibles gratuitement sur www.bulletins-electroniques.com

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    A la fin des années 90, plusieurs groupes de recherche ont identifié une protéine appelée p16ink4a dont la présence est largement augmentée dans les tissus âgés. Dans certains cas, une souris âgée peut contenir 50 fois plus de cette protéine qu'une souris jeune. Les scientifiques se sont également aperçus que le gène codant cette protéine est muté dans plus d'un tiers des cancers. Il s'agit d'un gène suppresseur de tumeurs dont l'activité semble dose dépendante. A faible concentration de P16ink4a, les cancers prolifèrent alors qu'en forte proportion, la protéine empêche la propagation des tumeurs.

    Son rôle sur le vieillissement semblait plutôt flou. Les scientifiques pensaient que la protéine était présente chez les personnes âgées afin de prévenir l'apparition des cancers ; les personnes âgées étant de plus en plus sensibles à cette maladie avec l'âge.

    Trois groupes américains ont donc décidé d'étudier conjointement les effets de cette protéine en se focalisant sur les cellules souchescellules souches de différents tissus. En effet, d'une part ces cellules aident les tissus à se régénérer si besoin est, et d'autre part, elles perdent leur capacité à proliférer à travers le temps. L'équipe de David Scadden du "Massachusetts General Hospital" à Harvard s'est concentrée sur les cellules souches hématopoïétiques, Sean Morisson de l'Université du Michigan à Ann Harbor s'est focalisé sur les cellules souches neuronales et enfin, Norman Sharpless, de l'Université de North Carolina à Chapell Hill a examiné les îlots cellulaires du pancréaspancréas.

    Ces groupes ont utilisé une souris ne synthétisant pas la protéine P16ink4a. De manière très intéressante ce KO empêche la chute du nombre de cellules souches dans le cerveaucerveau. Par exemple, 1,3% des neuronesneurones olfactifs sont nouvellement créés chez une souris âgées, soit le double de la souris contrôle. Des résultats similaires ont été observés pour les îlots de cellules du pancréas et pour les cellules souches hématopoïétiques. Ces souris développent également des cancers précoces confirmant le rôle suppresseur de tumeurs de la protéine. A l'opposé, la surexpression de la protéine chez la souris jeune diminue le nombre d'îlots pancréatiques et provoque un vieillissement prématuré de la souris.

    Pour expliquer ces différents effets, les chercheurs ont émis l'hypothèse que la protéine p16ink4a applique son rôle de suppresseur de tumeurs en contrôlant les développement des cellules souches et plus particulièrement à un âge avancé, période durant laquelle ce cellules auraient pu accumuler des défauts génétiquesgénétiques capables d'entraîner le cancer.

    Ces résultats parus dans Nature sont vraiment très convaincants et ouvre la voie à des traitements potentiels du vieillissement. Judith Campisi du Lawrence Berkeley National Laboratory de Californie admet cependant qu'un compromis entre le contrôle des cancers et un traitement antivieillissement semble compliqué.