Coordonnant leurs efforts, deux équipes de recherches, l'une à Boston et l'autre en Caroline du Nord, ont démontré qu'un gène particulier est apte à bloquer le processus de cancérisation pulmonaire chez la souris. Cette découverte, qui pourrait s'avérer capitale, a été publiée dans Nature Medicine d'août 2007.

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    Polype hamartomateux de type Peutz-Jeghers au niveau de l'intestin grêle révélé par vidéo-capsule. Crédit CHRU de Lille (France).

    Polype hamartomateux de type Peutz-Jeghers au niveau de l'intestin grêle révélé par vidéo-capsule. Crédit CHRU de Lille (France).

    Ce gène, déjà connu sous l'appellation LKB1, se montre en effet particulièrement efficace comme suppresseur de tumeur pulmonaire chez la souris, mais pourrait aussi se révéler plus efficace que d'autres suppresseurs mieux connus.

    Il a été constaté que les personnes porteuses de versions altérées du gène LKB1 développent fréquemment le syndrome de Peutz-Jeghers, qui se caractérise par une polypose de l'ensemble du tube digestif, qui s'accompagne d'une lentiginoselentiginose (apparence de petits grains de beautégrains de beauté) de la muqueusemuqueuse buccale, de la sphère anale et des doigts, et confère un risque accru de cancers du testiculecancers du testicule, de l'ovaireovaire, de l'utérusutérus et du pancréaspancréas. Seule cette version mutée de ce gène étant observée chez les patients atteints de cancer du poumoncancer du poumon, il apparaissait vraisemblable que LKB1 non muté agisse en tant que frein dans le déclenchement de cette affection.

    Afin de confirmer cette observation, les chercheurs ont effectué une série d'expériences chez la souris, en utilisant un gène nommé Kras, qui entraîne habituellement la formation et le développement d'un cancer pulmonaire. Ces expériences ont été corrélées à d'autres, où les animaux étaient porteurs d'un des deux gènes non mutants connus, STK11 et LKB1.

    Le rôle déterminant d'un gène mutant

    Ils ont constaté que le Kras "coopérait" efficacement avec le gène muté LKB1, favorisant le développement simultané des trois types de tumeurs du poumon, soit le cancer squameux (squamous cell carcinoma), le cancer à grosses cellules (large-cell carcinoma) et l'adénomeadénome (adenocarcinoma), plutôt qu'un ou deux types de cancer seulement.

    Le Dr Kwok-Kin Wong, du Massachusetts General Hospital et de la faculté de médecine de l'université de Caroline du Nord, suggère que le gène LKB1 muté joue un rôle déterminant dans les étapes essentielles de l'apparition d'un cancer : déclenchement, différentiationdifférentiation des cellules normales du poumon et formation des cellules cancéreuses, et métastasesmétastases.

    "Nous avons été véritablement surpris de la façon dont les versions mutantes du gène LKB1 joue un rôle dans le déclenchement et le développement d'une tumeur maligne du poumon chez la souris", déclare Wong. "Ceci suggère qu'il peut encore y avoir des gènes filtrants du cancer du poumon à découvrir, et nous nous appliquerons à découvrir si ces résultats peuvent s'appliquer aux cancers du poumon chez les humains, et comment une telle information est susceptible d'améliorer le traitement", ajoute-t-il.

    Les auteurs de cette étude sont Hongbin Ji, PhD, du Dana-Farber Cancer Institute, ainsi que Dongpo Cai, PhD, Liang Chen, PhD, Pasi Janne, MD, PhD, Bruce Johnson, MD, Jussi Koivunen, MD, PhD, Danan Li, Mei-Chih Liang, PhD, Kate McNamara, Matthew Meyerson, MD, PhD, Samanthi Perera, PhD, Geoffrey Shapiro, MD, PhD, et Takeshi Shimamura, PhD.

    D'autres auteurs proviennent du Children's Hospital Boston, Brigham and Women's Hospital, Broad Institute of Harvard University and Massachusetts Institute of Technology, University of Tennessee Health Science Center, et du centre médical de l'université du Texas.