Des scientifiques américains ont mis au point une nouvelle technique pour faire pousser des cheveux in vitro. Leur découverte pourrait conduire à la mise en place de traitements efficaces contre la calvitie.
Dans notre société actuelle qui accorde une place prépondérante à l'image, il est difficile d'accepter sereinement les ravages du temps. La calvitie par exemple est souvent perçue comme un vieillissement précoce, et peut être très mal vécue. Les cheveux suivent un cycle immuable : ils poussent, se reposent un moment, puis finissent par mourir et tombent. Chez certaines personnes, cela se produit plus rapidement que chez d'autres. Petit à petit, les cheveux ne se régénèrent plus, et disparaissent précocement du crâne.
Malheureusement, mis à part certains traitements hormonaux qui ralentissent la chute des cheveux, il n'existe aucune recette miracle pour les faire repousser. La greffe est possible, mais elle est très chère et loin d'être optimale : les cheveux sont récoltés à l'arrière de la tête puis sont réimplantés au niveau de régions plus clairsemées. La procédure est longue et n'ajoute pas de cheveux : ils sont juste disposés différemment pour donner l'illusion d'une chevelure plus uniforme.
Une équipe de l'université Columbia à New York vient de faire un pas en avant dans la recherche sur ce sujet. Lors de ses travaux, publiés dans la revue Pnas, elle a mis au point une méthode pour faire pousser de nouveaux cheveux in vitro. Cette découverte pourrait conduire à la mise en place de traitements efficaces contre la chute de cheveux.
Un petit rien peut parfois conduire à de grandes découvertes
La directrice du laboratoire, Angela Christiano, s'est tout d'abord intéressée à la calvitie pour des raisons personnelles. Elle est en effet atteinte d'une maladie héréditaire, appelée alopecia areata, qui se caractérise par la perte de cheveux à l'arrière de la tête. Elle a d'ailleurs été à l'origine de la découverte de gènes impliqués dans le développement de cette pathologie.
Dans cette nouvelle étude, son équipe a travaillé en collaboration avec des scientifiques de l'université de Durham au Royaume-Uni. Ils se sont intéressés aux papilles dermiques, des groupes de cellules qui nourrissent les follicules des poils et des cheveux. Depuis 40 ans, les chercheurs savent cultiver ces papilles pour faire pousser de nouveaux poils chez la souris. En revanche, chez l'Homme, cette opération n'a jusqu'ici jamais permis de donner naissance à des cheveux. Les scientifiques viennent de découvrir les raisons de cet échec.
En regardant de près les cultures cellulaires, ils ont remarqué une différence importante entre les deux types de cellules : celles des souris grandissent sous forme d'agrégats, alors que les humaines n'en forment pas. Et si les agrégats étaient cruciaux pour la naissance d’un cheveu ? Pour répondre à cette question, les scientifiques ont élaboré une toute nouvelle stratégie de culture. Au lieu de faire grandir les cellules sur une boîte en monocouche, ils ont tourné la boîte de sorte que des gouttes de milieu restent fixées à la paroi. « Les gouttes ne sont pas assez lourdes pour tomber et restent suspendues, expliquent les chercheurs, elles contiennent environ 3.000 cellules qui poussent sous forme d'agrégats. »
Un petit cheveu qui pousse
Cette technique a fait la différence ! Les chercheurs ont récupéré des papilles dermiques de sept hommes différents, sur le point de réaliser une transplantation capillaire. Ils les ont cultivées dans des gouttes suspendues, puis les ont injectées dans des fragments de peau humaine greffés sur une souris. Dans cinq cas, l'opération a réussi et des cheveux humains ont commencé à pousser. « Pour le moment, le cheveu est petit et de nombreuses études sont encore nécessaires », conclut la chercheuse.
En réalité, cette étude n'est pas la première du genre. Des chercheurs de la Tokyo University of Science étaient déjà parvenus à faire pousser différents types de cheveux sur la tête de souris dépourvues de poils, à partir de cellules souches. C'était il y a plus d'un an et il n'y a pas eu de nouvelles depuis. Espérons que ces découvertes permettront un jour la mise en place d'un traitement contre la calvitie, mais il y a fort à parier que plusieurs obstacles scientifiques devront être franchis avant d'y parvenir.
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