Mal-être, désinvestissement au travail voire démission peuvent arriver lorsqu'un salarié ne se reconnaît pas dans les valeurs de son entreprise. Ce phénomène a un nom : le burn-out de désalignement. De plus en plus fréquent, il touche surtout les jeunes, dans un contexte de catastrophe climatique.


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    La notion de « burn-out de désalignement » a été conceptualisée par Mark Travers, un psychologue américain qui a cofondé la plateforme de télémédecine Awake Therapy. Elle se réfère à un épuisement physiquephysique, émotionnel et mental qui résulte d'un investissement prolongé dans un emploi aux antipodes de nos convictions personnelles. Ainsi, un employé ayant une forte conscience écologique peut ressentir un fort conflit de valeur s'il travaille pour une entreprise peu impliquée dans la lutte contre le réchauffement climatique

    Cet inconfort psychologique peut plonger les actifs dans une spirale descendante dont il est difficile de s'extraire. Les indices pouvant laisser présager un burn-out de désalignement sont similaires à ceux du syndrome de l'épuisement professionnel, que ce soit sur le plan physique, émotionnel ou cognitif. Le travailleur qui en souffre peine à s'impliquer pleinement dans ses tâches professionnelles et se désengage progressivement de son travail. Se sentant dans une situation inextricable, il peut éprouver du ressentiment - voire même de l'hostilité - à l'égard des personnes qu'il côtoie dans son travail. Dans les cas les plus extrêmes, il peut être amené à mettre un terme à sa carrière. 

    Le burn-out de désalignement touche surtout les jeunes qui travaillent dans une entreprise dont les valeurs ne leur parlent pas, notamment sur le plan écologique. © Halfpoint, Adobe Stock
    Le burn-out de désalignement touche surtout les jeunes qui travaillent dans une entreprise dont les valeurs ne leur parlent pas, notamment sur le plan écologique. © Halfpoint, Adobe Stock

    Les jeunes en quête de sens

    Car le burn-outburn-out de désalignement touche à l'idée même de sens au travail. Études et sondages d'opinion convergent pour dire que les salariés accordent de l'importance au fait de travailler pour une entreprise qui partage leurs valeurs, surtout les plus jeunes. Ces derniers ne sont pas prêts à transiger sur leurs idéaux écologiques et environnementaux pour s'insérer sur le marché de l'emploi. Ainsi, 57% des 18-30 ans interrogés dans le cadre d'une enquête de Pour un réveil collectif et de Toluna Harris Interactive seraient prêts à démissionner s'ils estiment que l'entreprise qui les emploie ne s'investit pas suffisamment dans la lutte contre le changement climatiquechangement climatique

    Cette quête de sens de plus en plus poussée s'explique, en partie, par notre rapport au temps. L'individu contemporain vit dans l'instant présent et peine à se projeter dans le futur : il est davantage motivé par la perspective d'exercer un métier qui l'intéresse et lui convient sur le plan personnel et éthique, que par celle de faire carrière. Ce besoin d'accomplissement peut conduire à un phénomène de « job hopping », si l'emploi tant convoité se révèle décevant. Ainsi, les deux tiers des membres de la génération Z sondés dans le cadre d'une enquête du cabinet britannique Resource Solutions prévoient de quitter leur employeur actuel dans les deux prochaines années.

    Dans ce contexte, les entreprises ont tout intérêt à davantage réfléchir aux impacts sociaux, sociétaux et environnementaux de leurs activités si elles souhaitent renforcer la motivation de leurs collaborateurs et prévenir le burn-out de désalignement. Elles doivent clarifier leur raison d'être pour ne pas laisser de place au flou, et surtout éviter que leurs salariés ne se sentent pris au piège dans un emploi qui est en désaccord avec leurs valeurs profondes.