Un essai clinique vient de révéler l’efficacité et la sécurité d’un patch utilisé pour traiter le rhume des foins. Doté de peu d’effets secondaires, il diminue de 30 % les symptômes par rapport au groupe témoin. Mais le procédé n’est pas encore tout à fait prêt à être utilisé dans les cliniques.

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    Pourquoi un patch contre le rhume des foins ? La peau est un organe parfaitement adapté pour ce genre de traitement. Premièrement, elle recèle des cellules du système immunitaire variées, capables d'identifier rapidement les corps étrangers et d'enclencher une réponse immunitaire ciblée. Deuxièmement, les couches superficielles de la peau sont pauvres en vaisseaux sanguins : cela limite donc les risques que les allergènes entrent dans la circulation et sollicitent les défenses de l'organisme à l'échelle du corps, causant un choc anaphylactique. © Nico Wick, USZ/SNF

    Pourquoi un patch contre le rhume des foins ? La peau est un organe parfaitement adapté pour ce genre de traitement. Premièrement, elle recèle des cellules du système immunitaire variées, capables d'identifier rapidement les corps étrangers et d'enclencher une réponse immunitaire ciblée. Deuxièmement, les couches superficielles de la peau sont pauvres en vaisseaux sanguins : cela limite donc les risques que les allergènes entrent dans la circulation et sollicitent les défenses de l'organisme à l'échelle du corps, causant un choc anaphylactique. © Nico Wick, USZ/SNF

    Atchoum ! Dans le monde occidental, une personne sur trois n'échappe pas au rhume des foins entre début mai et la mi-juillet, quand le ventvent dissémine le pollenpollen des graminéesgraminées en fleur. En cause : une allergie, provoquée par une réponse excessive du système immunitaire à un élément inoffensif, qui cause éternuements, démangeaisons ou inflammations.

    Bien qu'une grande partie de la population soit affectée, seules 5 % des personnes concernées suivent l'unique traitement efficace sur le marché, qui consiste à habituer les défenses de l'organisme à ne pas s'emballer au contact de l'allergène, à l'aide d'une thérapie immunitaire spécifique. Si les patients allergiques hésitent tant à se faire soigner, c'est que le traitement n'est pas anodin : il s'étale sur plusieurs années, oblige à des dizaines d'injections et de rendez-vous avec le médecin, et, dans certains cas très rares, provoque des états de chocs, potentiellement mortels. Parfois, mieux vaut encore avoir les yeuxyeux qui coulent...

    Pour palier ces défauts, les scientifiques élaborent de nouvelles thérapies. Dernière en date : un patch mis au point par des chercheurs de l'université de Zurich. Placé sur le haut du bras, il met en contact la peau avec des allergènes provenant de six graminées différentes. Les résultats de l'essai cliniqueessai clinique ont été publiés dans le Journal of Allergy and Clinical Immunology.

    Un patch, moins de symptômes allergiques

    L'expérience a été menée en double-aveugle auprès de 132 patients allergiques. Les candidats ont reçu soit un placéboplacébo, soit les différents allergènes à trois doses différentes. Ils devaient porter le patch durant six périodes de 24 heures étalées sur deux mois, avant l'arrivée des pollens.

    Le rhume des foins, aussi appelé pollinose, est une allergie bénigne, qui se manifeste principalement dans l'enfance ou l'adolescence. Les symptômes sont divers et variés et parmi eux la rhinite, qui oblige les malades à se moucher. © macfarlandmo, Wikimédia Commons, cc by 2.0

    Le rhume des foins, aussi appelé pollinose, est une allergie bénigne, qui se manifeste principalement dans l'enfance ou l'adolescence. Les symptômes sont divers et variés et parmi eux la rhinite, qui oblige les malades à se moucher. © macfarlandmo, Wikimédia Commons, cc by 2.0

    Les scores étaient évalués par le patient et par des critères plus objectifs, notamment son utilisation de médicaments ou l'état d'avancement de la conjonctivite. Au final, les personnes soumises aux plus hautes doses ont présenté 30 % de symptômessymptômes en moins que le groupe placebo durant la saisonsaison des pollens de 2008. L'année suivante, sans nouveau traitement supplémentaire, les chiffres variaient encore de 24 %.

    En contrepartie, c'est aussi dans ce groupe où les traitements ont été les plus forts que les effets secondaires indésirables (eczémaeczéma, démangeaisons etc.) se sont le plus fait ressentir. En tout, onze patients ont abandonné le traitement en cours d'étude (8,3 %). Mais aucun de ces événements n'a donné lieu à de graves complications.

    Un traitement plus grand public du rhume des foins ? 

    Le patch prouve donc son efficacité contre le rhume des foins, et sa nocivité, toute relative, n'est pas supérieure aux traitements actuellement sur le marché. Il pourrait donc remplir les critères pour passer les phases de tests suivantes.

    Cependant, les auteurs ne sont pas encore pleinement satisfaits de leur dispositif, qu'ils cherchent à perfectionner. En réalité, pour que l'allergène soit mis au contact des cellules du système immunitaire de la peau, il faut retirer la couche cornéecouche cornée qui recouvre ces dernières. Ceci se fait à l'aide d'un adhésif que l'on passe à plusieurs reprises sur la région ciblée. Mais l'efficacité n'est pas optimale, et c'est précisément ce point qui doit être amélioré.

    Si la suite des opérations se révèle fructueuse, on pourrait bien voir ce patch débarquer à l'avenir dans les pharmacies. Simple d'utilisation, il pourrait cette fois toucher une part plus importante de la population allergique. Et faire disparaître les rhinitesrhinites allergiques à l'arrivée des beaux jours.