Pour la première fois au monde, une greffe de deux bras entiers a été réalisée sur un homme amputé depuis six années, annonce l’Université technique de Munich (Allemagne).


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    L’accidenté de 54 ans avant la transplantation de deux bras. Crédit Université munichoise.

    L’accidenté de 54 ans avant la transplantation de deux bras. Crédit Université munichoise.

    L'intervention a mobilisé 40 personnes durant 15 heures le vendredi 25 juillet dernier pour se conclure le lendemain, couronnant avec succès une préparation minutieuse de plusieurs années entreprise par le professeur Christophe Höhnke, spécialisé dans la microchirurgie et la transplantation, assisté par le professeur Edgar Biemmer.

    Le patient, un agriculteur âgé de 54 ans, avait été amputé des deux membres supérieurs sous l'épaule suite à un accident. Le mauvais état de ses bras n'avait laissé aucun espoir de greffe à l'époque, et les tentatives d'adaptation de membres artificiels avaient échoué. Il avait alors fait appel à l'équipe de l'hôpital universitaire munichois, reconnue entre autres pour sa compétence dans le domaine de la chirurgie plastiqueplastique.

    Une allogreffe particulièrement délicate

    Réaliser une allogreffe de membre pourrait paraître moins complexe que lorsqu'il s'agit d'un organe vital tel que le cœur, le foiefoie ou un reinrein. Mais il n'en n'est rien, et dans le cas présent, la difficulté réside non dans la technique opératoire elle-même, mais dans la récupération de la motricité en période de convalescence.

    Dans le cas des greffes de membres réalisées à ce jour, concernant essentiellement des doigts, mains ou pieds, outre les problèmes liés au phénomène de rejet, de mieux en mieux maîtrisés, se pose celui de la régénération nerveuse. Celle-ci s'exécute à partir du moignon, et sa duréedurée est proportionnelle à la distance présentée entre celui-ci et l'extrémité du membre.

    Un pas important avait été franchi en 2003, avec la transplantation d'avant-bras et de mains à l'Université d'Innsbruck sur Franz Jamming, un patient âgé de 41 ans. Mais la jonction s'était alors effectuée sous le coude, alors que dans le cas présent, bras et avant-bras, y compris le coude, avaient été perdus. Or, la régénération nerveuse s'accomplit très progressivement, et surtout très lentement, à raison d'environ un millimètre par jour. Autre difficulté : la transplantation doit s'accompagner de la greffe de moelle osseusemoelle osseuse dans le membre reçu, or la quantité est bien plus importante dans un bras entier que dans une main ou un avant-bras.

    Une longue préparation indispensable

    Plusieurs années de préparation se sont révélées indispensables avant de tenter l'intervention. Sur le plan médical, l'état de santé général du patient a été examiné avec soin, afin de déterminer ses capacités de résistancerésistance, et surtout d'affaiblissement de son système immunitairesystème immunitaire face à une telle "agression". Mais il fallait aussi examiner les problèmes psychiques potentiels que pouvait soulever l'implantation de membres étrangers, situation très inhabituelle que n'ont pu surmonter plusieurs patients receveurs (notamment en France et en Chine), réclamant par la suite l'ablationablation du membre reçu.

    Ces écueils franchis, il fallait ensuite trouver un donneur d'âge similaire, de même sexe, taille, groupe sanguingroupe sanguin et couleurcouleur de peau que le receveur, ce qui a été réalisé le 25 juillet. Celui-ci s'est présenté dans des conditions idéales, et le temps d'ischémieischémie, soit la durée de non-irrigationirrigation sanguine après le décès, s'est révélé très court en favorisant les chances de survie de ses membres. Quant au receveur, l'absence de traumatisme résiduel suite à son accident remontant déjà à six années accentuait les chances de réussite, selon le Pr Christophe Höhnke.

    L'intervention s'est parfaitement déroulée, et toute l'attention se porteporte désormais sur l'apparition de phénomènes de rejet restant à maîtriser et la mise en place d'un traitement immunosuppresseurtraitement immunosuppresseur.

    Ainsi, peut-être que bientôt, cet agriculteur de 54 ans pourra de nouveau serrer dans ses bras épouse et enfants, démontrant les progrès constamment effectués par la chirurgie plastique (une quarantaine de mains ont été greffées avec succès à ce jour).