Certains produits issus de la médecine chinoise, vieille de plus de 3.000 ans, pourraient être composés de substancess potentiellement dangereuses pour la santé. Ces mêmes analyses ont aussi noté la présence de traces d’animaux protégés car en grand danger d’extinction dans certaines concoctions. Prudence !

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    La médecine traditionnelle chinoise propose de nombreux remèdes très différents. Si l'efficacité a pu être prouvée pour certains d'entre eux, d'autres en revanche pourraient avoir des effets toxiques. Qu'en est-il de cette poudre de bile d'ours noir ? © AFP Photos / Hoang Dinh Nam

    La médecine traditionnelle chinoise propose de nombreux remèdes très différents. Si l'efficacité a pu être prouvée pour certains d'entre eux, d'autres en revanche pourraient avoir des effets toxiques. Qu'en est-il de cette poudre de bile d'ours noir ? © AFP Photos / Hoang Dinh Nam

    L'analyse de l'ADN d'échantillons de remèdes traditionnels chinois a révélé des substances potentiellement toxiques, des allergènes et même des traces d'animaux menacés d'extinction, selon une étude australienne publiée jeudi aux États-Unis.

    « La médecine traditionnelle chinoise a une longue histoire culturelle mais aujourd'hui ses utilisateurs doivent être conscients des problèmes légaux et de santé pouvant exister avant de l'adopter », souligne le docteur Michael Bunce, de l'université Murdoch en Australie, principal auteur de cette étude.

    Les quinze échantillons de substances médicinales traditionnelles chinoises étudiés ont été saisis par les douanes australiennes sous forme de poudre, de comprimés, de gélules, de flocons et de préparations pour infusions.

    Des plantes toxiques et des animaux en voie d’extinction

    « Au total nous avons trouvé 68 familles de plantes différentes dans ces traitements qui sont des mélanges complexes », précise le docteur Bunce dont les travaux sont publiés dans la revue scientifique américaine Plos Genetics.

    « Certaines de ces concoctions médicinales contenaient des plantes appartenant aux genres Ephedra et Asarum » respectivement de petits arbustes et des plantes d'ornement, ajoute-t-il.

    On peut voir à l'image un représentant du genre <em>Asarum</em> (les asarets, en français). Ce sont des plantes vivaces qui vivent au ras du sol dans les sous-bois. Certains de leurs composés sont toxiques. À quelles doses se retrouvent-ils dans les remèdes traditionnels chinois qui ne sont pas censés en avoir ? © Walter Siegmund, Wikipédia, cc by sa 3.0

    On peut voir à l'image un représentant du genre Asarum (les asarets, en français). Ce sont des plantes vivaces qui vivent au ras du sol dans les sous-bois. Certains de leurs composés sont toxiques. À quelles doses se retrouvent-ils dans les remèdes traditionnels chinois qui ne sont pas censés en avoir ? © Walter Siegmund, Wikipédia, cc by sa 3.0

    Ces plantes contiennent des substances chimiques qui peuvent être toxiques si elles sont mal dosées. Or, note le chercheur, aucune concentration ne figurait sur les étiquettes.

    « Nous avons aussi détecté des traces d'animaux dont le commerce est soumis à des restrictions car classés comme espèceespèce vulnérable, en danger d'extinction ou gravement menacés, dont l'ours noirours noir asiatique et l'antilopeantilope saïgasaïga », indique l'auteur de l'étude.

    Ce chercheur note aussi que certains de ces produits avaient des étiquettes trompeuses. L'un d'entre eux, présenté comme étant constitué à 100 % d'antilope saïga, contenait d'importantes quantités de chèvre et de mouton.

    Des fraudes repérées par ADN

    Avant la mise au point des techniques de séquençage de l'ADN, il était très difficile de déterminer les origines biologiques des ingrédients contenus dans les produits de la médecine traditionnelle chinoise, dit-il.

    Le fait que ces substances sont transformées en gélules et poudre rendait particulièrement difficile l'identification, explique-t-il, mais ces processus de transformation n'altèrent pas la signature génétiquegénétique de ces substances.

    Ces étiquettes trompeuses rendent délicates l'applicationapplication des lois et la poursuite des contrevenants.

    « Le séquençageséquençage de l'ADN va permettre de procéder à des audits génétiques de ces produits médicinaux qui devraient nettement améliorer la réglementation et le contrôle des compléments alimentaires et de la médecine alternative », juge Michael Bunce.

    Vieille de plus de 3.000 ans, la pharmacopée chinoise compte plusieurs milliers de substances, dont environ 300 sont utilisées couramment.