Le savoir médical indien ancestral vient d'être numérisé. Au terme d'un énorme travail, 230.000 références sont désormais enregistrées et rendues disponibles pour l'Office européen de dépôt des brevets. Objectif : éviter, comme cela s'est déjà produit, qu'un laboratoire pharmaceutique ne récupère à son profit l'exploitation d'un médicament connu depuis des siècles.

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    En Inde, la médecine traditionnelle et multiséculaire sera désormais un peu mieux protégée. © Mihai/Isaila/Fotolia

    En Inde, la médecine traditionnelle et multiséculaire sera désormais un peu mieux protégée. © Mihai/Isaila/Fotolia

    Il aura fallu 8 ans à 200 chercheurs indiens pour constituer la Bibliothèque numériquenumérique des savoirs traditionnels. Les autorités indiennes comptent sur cet outil des plus modernes pour conserver la paternité de l'ensemble de leurs traitements ancestraux, à base de plantes notamment. Conçue en cinq langues (allemand, anglais, espagnol, français et japonais), cette base de donnéesbase de données est unique. Elle renferme en effet plus de 230.000 formulations de médicaments utilisés depuis des temps immémoriaux en médecine traditionnelle indienne (Ayurveda, Unani, Siddha et Yoga).

    L'Office européen des Brevets (OEB) vient d'être autorisé à la consulter. Il pourra ainsi s'assurer que tel ou tel brevet susceptible d'être déposé sur le Vieux continent ne concerne pas un traitement existant déjà en Inde.

    Cette protection sera-t-elle suffisante ?

    Il faut dire que le gouvernement indien a été échaudé quand, en 1994, un anti-fongique dérivé du margousier a obtenu un brevet européen alors qu'il était utilisé en médecine traditionnelle indienne depuis plusieurs centaines d'années ! En 2005, l'Inde, qui avait protesté, avait eu gain de cause. Cette pratique, consistant à breveter des savoirs traditionnels, est désormais connue sous le nom de biopiratage.

    Pour Paul Schwander, administrateur principal à l'OEB, « cette coopération entre l'Inde et l'Europe bénéficie aux deux parties. Elle aide l'Inde à protéger son savoir traditionnel et offre à l'OEB une information supplémentaire sur les brevets ». Reste à savoir si cette base de données constituera un rempart suffisant contre les copies, alors que pour sa part la Chine - où la contrefaçon est une vieille connaissance - a breveté plusieurs milliers de ses traitements traditionnels.