Selon une étude de l'Inserm, les syndromes dépressifs des personnes âgées seraient moins fréquents quand le sang contient une plus forte quantité de certains acides gras oméga-3. Les causes sont mal comprises mais les résultats confirment un fait connu : le poisson est bon pour la santé...

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    Le saumon, gras comme beaucoup de poissons des mers froides, est riche en oméga-3. © Pescador/Flickr - Licence Creative Common (by-nc-sa 2.0)

    Le saumon, gras comme beaucoup de poissons des mers froides, est riche en oméga-3. © Pescador/Flickr - Licence Creative Common (by-nc-sa 2.0)

    La nutrition peut-elle contribuer à amoindrir les syndromes dépressifs, fréquemment observés chez les personnes âgées ? L'idée n'est pas nouvelle et elle vient d'être mise à l'épreuve par des chercheurs de l'Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale). L'équipe dirigée par Pascale Barberger-Gateau (Epidémiologie de la nutrition et des comportements alimentaires, Centre de Recherche U897 Epidémiologie et biostatistique) a conduit une étude sur 1.390 personnes suivies, à Bordeaux, dans le cadre de la « cohorte des trois cités », un programme initié en 1999 sur plus de 9.000 personnes pour mieux comprendre la démence sénile.

    Les chercheurs ont analysé dans le sang les quantités de douze acides gras tandis que les personnes répondaient à des questionnaires psychologiques pour détecter des antécédents dépressifs. Résultat : une corrélation inverse entre dépression et présence dans le sang d'un certain acide gras de type oméga-3, l'acide eicosapentaénoïque, ou EPA. Chez les personnes n'ayant jamais connu de dépression, la teneur en EPA est plus forte. De plus, parmi celles qui ont subi cette souffrance, l'intensité des symptômessymptômes est plus faible chez celles ayant un peu plus d'EPA. Pour les chercheurs, qui viennent de publier leurs résultats dans la revue American Journal of Clinical Nutrition, la corrélation est significative.

    Des causes inconnues

    Comment expliquer ce phénomène ? Les scientifiques n'ont pas la réponse, avançant seulement l'hypothèse que l'EPA pourrait agir sur les mécanismes neuronaux, voire, également, sur l'efficacité des antidépresseursantidépresseurs. « Il reste encore aujourd'hui à comprendre les mécanismes sous-tendant ces observations et démontrer une relation de cause à effet entre ces deux phénomènes » explique Catherine Feart, qui a participé à l'étude.

    On sait que les acides gras oméga-3, pourtant essentiels, ne sont fabriqués par l'organisme qu'en faibles quantités à partir de précurseurs présents notamment dans les huiles végétales (noixnoix, colza, sojasoja) ou certains légumes, comme le chou. La chair des poissonspoissons gras, comme la sardine, le maquereau, l'anchois, le hareng ou le saumonsaumon, riche en oméga-3, constitue donc un apport précieux d'EPA, mais aussi de DHADHA (l'acide docosahexaénoïque, un autre acide gras oméga-3). L'effet bénéfique d'un tel apport pourrait être encore plus important chez la personne âgée, expliquent les chercheurs, chez qui la synthèse de DHA et d'EPA à partir des précurseurs est moins efficace.

    Pour cette équipe de l'Inserm, ce travail n'est qu'une étape pour mieux comprendre les effets de la nutrition sur le vieillissement cérébral pathologiquepathologique. Les chercheurs espèrent, à long terme, pouvoir édicter des recommandations alimentaires particulières pour les personnes âgées. En attendant, mangeons du poisson...