En imprégnant des moustiquaires avec un insecticide, les taux de transmission de la filariose, une maladie parasitaire transmise par les moustiques, ont fortement chuté. Un sacré pas en avant quand on sait que l’éléphantiasis, l’autre nom de cette maladie, concerne potentiellement un habitant sur cinq de la planète.


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    Des moustiquaires de lit traitées avec des insecticidesinsecticides seraient un moyen simple et économique d'éradiquer la filariose lymphatique, une maladie tropicale parasitaire invalidante qui menace près de 1,4 milliard de personnes dans le monde, selon une recherche publiée mercredi dans The New England Journal of Medicine. Les auteurs ont constaté que ces précautions réduisaient la transmission de cette maladie aussi appelée éléphantiasis, à des niveaux indétectables même en l'absence de traitement médical.

    Selon l'Organisation mondiale de la santéOrganisation mondiale de la santé (OMS) plus de 120 millions de personnes souffrent de filariose dans le monde, dont un tiers sont défigurées ou handicapées par cette infection. Celle-ci est provoquée par des vers filaires transmis par des moustiques lors de piqûres. Elle affecte le système lymphatique.

    « Notre étude démontre l'importance d'intégrer ce type de mesure dans une stratégie globale pour éliminer la filariose lymphatique », explique James Kazura, professeur à la faculté de médecine de l'université Case Western Reserve, et principal auteur de cette recherche.

    L’efficacité des traitements antifilariose vieux de dix ans

    Cette recherche suit celle réalisée il y a une dizaine d'années en Papouasie-Nouvelle-Guinée, qui évaluait la sûreté et l'efficacité d'une administration annuelleannuelle de traitements antifilariose pendant cinq ans à des habitants de cinq villages. Ces chercheurs ont démontré que cette stratégie a quasiment éliminé le parasiteparasite chez ces populations sans pouvoir arrêter sa transmission par des moustiquesmoustiques.

    Le ver filaire <em>Wuchereria bancrofti</em> est le parasite à l'origine de la filariose de Bancroft, ou éléphantiasis. Il s'infiltre dans le système lymphatique et occasionne un gonflement des tissus impressionnant déformant les organes des malades. Il peut mesurer jusqu'à 10 cm de long. © Prep4md, Flickr, cc by 2.0
    Le ver filaire Wuchereria bancrofti est le parasite à l'origine de la filariose de Bancroft, ou éléphantiasis. Il s'infiltre dans le système lymphatique et occasionne un gonflement des tissus impressionnant déformant les organes des malades. Il peut mesurer jusqu'à 10 cm de long. © Prep4md, Flickr, cc by 2.0

    Des tests ont montré que les niveaux de parasites restaient élevés chez ces insectesinsectes autour des villages, jusqu'à dix ans après l'arrêt des traitements contre la maladie tropicale par les habitants. C'est à ce moment-là que ces derniers ont reçu gratuitement des moustiquaires de lit dans le cadre des efforts du pays contre le paludisme.

    Moustiquaire et insecticide : duo de choc contre le parasite

    Dans les 36 mois qui ont suivi, James Kazura et son équipe ont observé une très forte diminution du nombre de piqûres de moustiques infectés par personne. Le taux est en fait tombé de 325 par an à zéro, précisent ces médecins. Ils ont fini par conclure que la transmission avait totalement cessé, alors qu'ils n'ont pas pu trouver de moustiques porteurs du parasite dans les villages et les environs.

    Ces moustiquaires traitées avec de l'insecticide sont déjà largement utilisées dans les zones où sévissent la filariose et le paludisme. Ensemble, ils empêchent les femelles des moustiques de piquer pour se procurer le sang dont elles ont besoin pour la reproduction. De plus, l'insecticide réduit de moitié la vie des moustiques. Ils ne peuvent ainsi pas vivre assez longtemps pour que les parasites qu'ils portent soient capables de se transmettre.