Le virus Ebola poursuit son extension en Afrique de l’Ouest, avec un dernier bilan de plus de 15.000 cas et 5.000 décès. Pour mieux lutter contre cette épidémie, un diagnostic le plus précoce possible est une nécessité. Un test français est dans les starting-blocks.

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    Le virus Ebola est un filovirus (de forme filamenteuse) et dont le génome est constitué d'ARN. Très contagieux, il provoque chez les primates des fièvres, des hémorragies et une immunodépression (c'est la maladie à virus Ebola, auparavant appelée fièvre hémorragique), avec un taux de létalité élevé. © CDC, Frederick A. Murphy

    Le virus Ebola est un filovirus (de forme filamenteuse) et dont le génome est constitué d'ARN. Très contagieux, il provoque chez les primates des fièvres, des hémorragies et une immunodépression (c'est la maladie à virus Ebola, auparavant appelée fièvre hémorragique), avec un taux de létalité élevé. © CDC, Frederick A. Murphy

    Présenté par l'Inserm, le test diagnostique rapide du virus Ebola, développé par le Commissariat à l'énergieénergie atomique (CEA), pourrait rapidement être utilisé en Afrique de l'Ouest. En tout cas, il « va être évalué sur le plan clinique dans les semaines qui viennent, sur des échantillons pathologiquespathologiques, au centre que la Croix-Rouge française vient d'ouvrir à Macenta en Guinée », a indiqué Laurent Bellanger, chef du Laboratoire d'ingénierie cellulaire et biotechnologiebiotechnologie du CEA à l'agence de presse Destination Santé. Une bonne nouvelle, car l'attente se fait longue. L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a d'ailleurs rappelé ce mercredi dans un communiqué l'importance de parvenir à mettre au point un test « facile, efficace et peu onéreux » très vite. 

    C'est bien ce que propose le test du CEA baptisé eZyscreen. « D'un format identique à celui des tests de grossesse, le dispositif sera utilisable sur le terrain, sans matériel spécifique, à partir d'une goutte de sang, de plasma ou d'urine », précise l'Inserm. « Peu cher, il est capable de donner une réponse en 10 minutes pour tout patient présentant des symptômes de cette maladie. » À l'issue de l'évaluation clinique en Guinée « que nous espérons achever d'ici la fin de l'année, la phase de production industrielle pourra être lancée pour une diffusiondiffusion du test le plus rapidement possible », poursuit Laurent Bellanger.

    Le virus Ebola a fait son apparition au Mali et sévit toujours en Guinée, au Liberia et en Sierra Leone. © Idé

    Le virus Ebola a fait son apparition au Mali et sévit toujours en Guinée, au Liberia et en Sierra Leone. © Idé

    Dépister le virus Ebola impose des moyens lourds

    Confirmer ou écarter des cas suspects, guider le triage des cas et les décisions cliniques, aider à la recherche des contacts et faciliter le dépistagedépistage précoce... Voici la raison d'être des tests diagnostiques en période d'épidémie d’Ebola. En effet, « les efforts pour contenir les flambées sont actuellement freinés par les tests complexes, lents et fastidieux, à l'origine d'un certain nombre de problèmes logistiques supplémentaires », souligne l'OMS. « L'exigence d'une sécurité biologique en laboratoire de haut niveau et de grandes compétences de la part du personnel pour faire fonctionner des machines sophistiquées » est une contrainte lourde.

    Actuellement, le seul test utilisé est la RT-PCRRT-PCR (reverse-transcriptase polymerase chain reactionpolymerase chain reaction). « Elle nécessite (pour chaque test) un tube de sang plein, exige 2 à 6 heures pour son exécution et coûte environ 100 dollars américains (environ 80 euros) », précise l'OMS. « Ces exigences sont difficiles à remplir dans certains pays dont les moyens sont très restreints, ce qui limite sévèrement les capacités d'analyse. » Résultat : du temps perdu et des risques inutiles.

    « Des personnes porteuses d'autres maladies infectieuses courantes, comme le paludismepaludisme ou la denguedengue, et présentant des premiers symptômes similaires, pourront être détenues de manière injustifiable dans un centre de "transittransit" Ebola en tant que mesure de précaution », détaille l'OMS. Et « si elles ne sont pas atteintes lorsqu'elles entrent dans ce centre, il se peut malheureusement qu'elles contractent [le virusvirus] à l'intérieur. »