Les antidouleurs à base de codéine ne sont plus à préconiser pour les enfants de moins de 12 ans, selon l’Ema. En cause : les risques de complications chez les patients dits « métaboliseurs rapides », qui présentent après administration des taux élevés de morphine pouvant conduire jusqu’à l’insuffisance respiratoire.

au sommaire


    En cas de mal de tête, la codéine est à éviter pour les enfants de moins de 12 ans car chez certains patients, elle élève dangereusement les taux de morphine. Il existe des alternatives à utiliser en priorité. © Phovoir

    En cas de mal de tête, la codéine est à éviter pour les enfants de moins de 12 ans car chez certains patients, elle élève dangereusement les taux de morphine. Il existe des alternatives à utiliser en priorité. © Phovoir

    L'Agence européenne du médicament (Ema) recommande de ne plus administrer de médicaments contenant de la codéine (utilisée dans le traitement de la douleur) aux enfants de moins de 12 ans. Une décision qui fait suite à la survenue d'effets indésirables rares, parfois mortels.

    L'alerte a été lancée après l'observation aux États-Unis d'un risque augmenté chez des enfants ayant reçu de la codéine après une intervention chirurgicale (amygdalectomie et adénoïdectomie). Un très faible nombre de cas graves, voire mortels, de dépression respiratoire ont ainsi été rapportés chez des enfants dits « métaboliseurs rapides ».

    La codéine risquée pour les « métaboliseurs rapides »

    Qui sont les « métaboliseurs rapides » ? La codéine est transformée en morphine dans l'organisme par une enzymeenzyme, appelée CYP2D6. Certains patients présentent un profil de « métaboliseurs rapides CYP2D6 », qui se traduit par une transformation plus rapide.

    Les médicaments à base de codéine sont à proscrire pour les enfants de moins de 12 ans. Ils pourraient se révéler bien plus dangereux que le mal qu'ils atténuent. © Cavale, Flickr, cc by nc nd 2.0

    Les médicaments à base de codéine sont à proscrire pour les enfants de moins de 12 ans. Ils pourraient se révéler bien plus dangereux que le mal qu'ils atténuent. © Cavale, Flickr, cc by nc nd 2.0

    Chez ces malades, les taux sanguins de morphine sont plus élevés, ce qui fait courir un risque toxique, et notamment d'insuffisance respiratoire. Cette voie de métabolisation est par ailleurs immature chez l'enfant. Enfin les nouveau-nés peuvent être exposés à ce risque par la voie de l'allaitement quand les mères sont elles-mêmes « métaboliseurs rapides ».

    Du changement dans les recommandations de l’Ema

    À la suite du signal américain, l'Espagne et le Royaume-Uni ont évalué le rapport bénéfice/risque des médicaments contenant de la codéine dans le traitement de la douleur chez l'enfant. Sur la base de cette évaluation, les membres du Comité pour l'évaluation des risques en matièrematière de pharmacovigilance (Prac) ont émis différentes recommandations :

    • Chez les adolescents, une indication restreinte aux douleurs aiguës d'intensité modérée, après échec du paracétamol ou des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) ;
    • La codéine ne devrait pas non plus être utilisée chez les moins de 18 ans ayant fait l'objet d'une ablationablation des amygdales ou des végétations, du fait du risque induit de syndromesyndrome d'apnée obstructive du sommeil ;
    • Les mêmes précautions doivent s'appliquer aux adultes de tous âges qui métabolisent trop vite la codéine ou aux femmes qui allaitent. La codéine pouvant passer au nourrisson via le lait maternel.

    Les médicaments à base de codéine étant approuvés au niveau national, les recommandations du Prac doivent maintenant être examinées par le Groupe de coordination pour la reconnaissance mutuelle et les procédures décentralisées pour les médicaments à usage humain (CMDh). Cette entité européenne représente les différentes agences nationales du médicament.