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Les antalgiques les plus utilisés pourraient présenter des effets similaires à ceux des perturbateurs endocriniens, comme le bisphénol A et les phtalates. Ainsi, le paracétamol et les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) inhiberaient la production de testostérone chez l'adulte. C'est ce qu'indique une étude menée par l'Inserm sur des échantillons de tissu testiculaire d'hommes adultes, mis en culture avec du paracétamol ou de l'aspirineaspirine.
« Quatre études de cohortecohorte indépendantes mettent en évidence une association entre antalgiquesantalgiques et risque de cryptorchidiecryptorchidie [l'absence d'un ou des deux testicules dans le scrotum, NDLRNDLR], décrit Bernard Jégou, directeur de l'institut de Recherche, santé, environnement et travail (Irset)) de RennesRennes. Nos travaux chez le rat montrent une baisse de la production de testostérone, ou encore une féminisation des rats mâles nouveau-nés. »
On a tendance à apprécier les anti-inflammatoires non-stéroïdiens comme le paracétamol pour leur capacité à atténuer les douleurs. Mais s'ils entraînent une féminisation des hommes, ils risquent de perdre de leur superbe. © Michelle Tribe, Wikipédia, cc by 2.0
Des antalgiques nocifs pour les testicules
Grâce à ces résultats parus dans Human Reproduction, les chercheurs ont obtenu le soutien de l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) afin de mener des recherches chez l'humain, du stade fœtal au stade adulte. Pour Bernard Jégou, « il s'agit des médicaments parmi les plus utilisés dans le monde. La conduite de ces travaux est donc un enjeu de santé publique ».
Le docteur et son équipe ont ainsi exposé des échantillons testiculaires d'hommes adultes à différentes doses de paracétamol ou d'aspirine pendant au moins 24 heures. Les observations semblent sans appel. « À des concentrations équivalentes à celles retrouvées dans le plasmaplasma en cas de prise de ces moléculesmolécules, chacune d'elles perturbe la production d'hormoneshormones stéroïdiennes et d'autres facteurs nécessaires à la masculinisation et la fertilité », explique le chercheur. En pratique, cela se manifeste par une baisse de production de la testostérone mais également des prostaglandinesprostaglandines.
Pour Bernard Jégou, ces résultats « interpellent sur l'usage massif et chronique [des antalgiques] par certaines catégories de personnes. Des athlètes de haut niveau en usent et en abusent, notamment à des fins préventives. Outre les risques potentiels sur la fertilité ou sur la santé en général, ces produits qui provoquent une baisse de production de testostérone pourraient donc être contre-productifs en termes de performances ».