La tétrandrine est un alcaloïde extrait de la racine de Stephania tetrandra, une plante originaire d'Asie. Elle inhiberait l'infection in vitro d'Ebola et préviendrait ainsi la maladie chez la souris. Cette petite molécule cible des canaux calcium qui sont nécessaires à l’infection par le virus.

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    Des chercheurs ont peut-être trouvé la solution pour empêcher l’entrée et la progression du virus dans la cellule grâce à la tétrandrine, une molécule extraite de la liane Stephania tetrandra. © NIAID, Flickr, CC by 2.0

    Des chercheurs ont peut-être trouvé la solution pour empêcher l’entrée et la progression du virus dans la cellule grâce à la tétrandrine, une molécule extraite de la liane Stephania tetrandra. © NIAID, Flickr, CC by 2.0

    L'épidémie actuelle d'Ebola a déjà causé le décès de plus de 9.000 personnes dans le monde. Le virus, qui cause une fièvre hémorragique chez l'Homme, entre dans la cellule en s'associant à des protéines à la surface. Ensuite, il suit le circuit des endosomes qui le conduisent dans différents compartiments cellulaires.

    Lors d'études précédentes, les chercheurs ont noté que la signalisation par le calciumcalcium était importante pour le cycle infectieux du virus Ebola, sans que le processus exact soit connu. Dans un article paru dans Science, des chercheurs du Texas Biomedical Research Institute décrivent les canaux calcium impliqués dans l'infection par le virus Ebola.

    Ces canaux à deux domaines sont appelés TPC, pour « Two-Pore Channel », et se trouvent dans les endosomes. Les chercheurs ont pu montrer leur rôle critique dans l'infection par le virus Ebola, un rôle qui n'avait jamais été mis en évidence pour aucun autre virus. Ces canaux sont en effet nécessaires au virus pour entrer dans les cellules. En empêchant leur fonctionnement, l'infection virale est bloquée. Ils sont donc des cibles potentielles pour des traitements futurs.

    La Sierra Leone est particulièrement touchée par Ebola avec 2.915 morts au 3 janvier 2015. © EC, ECHO, Cyprien Fabre, Flickr, CC by-nd 2.0

    La Sierra Leone est particulièrement touchée par Ebola avec 2.915 morts au 3 janvier 2015. © EC, ECHO, Cyprien Fabre, Flickr, CC by-nd 2.0

    La tétrandrine protège les souris contre Ebola

    Pour traiter l'hypertension artériellehypertension artérielle, il existe des médicaments qui bloquent les canaux calciques. Les chercheurs ont donc voulu savoir si certains d'entre eux pouvaient agir sur les canaux calcium impliqués dans l'infection par Ebola. En travaillant avec des chercheurs allemands, l'équipe a testé plusieurs moléculesmolécules pour savoir quelles étaient les plus efficaces pour empêcher la progression du virus.

    L'équipe a alors trouvé que la tétrandrine était la meilleure candidate : cette petite molécule provenant d'une plante asiatique provoquait peu de cytotoxicité et était efficace à petite dose. La tétrandrine a inhibé l'infection dans des macrophagesmacrophages humains, des cellules cibles du virus Ebola. La molécule extraite de la racine de la liane Stephania tetrandra (han fang ji en chinois) inhibait l'infection des cellules in vitroin vitro et prévenait la maladie chez la souris, sans effets secondaires apparents.

    La capacité du médicament à arrêter le virus avant qu'il n'interagisse avec des facteurs cellulaires empêchait donc le processus infectieux. Les médicaments qui ciblent des canaux calcium montrent donc une certaine efficacité comme potentiels traitements contre Ebola. D'autres travaux sont nécessaires pour évaluer ces médicaments.