Contre le virus Ébola, qui représente un danger biologique extrême, aucun vaccin ou traitement n’est disponible. Des chercheurs viennent d’identifier deux médicaments modulateurs d'hormones sexuelles capables de bloquer l’infection. Les mécanismes d’action de ces composés sont encore à déterminer.

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    Contre l'apparition du virus Ébola, des mesures sanitaires sont appliquées, comme la mise en quarantaine des malades. © Pierre Formenty, OMS

    Contre l'apparition du virus Ébola, des mesures sanitaires sont appliquées, comme la mise en quarantaine des malades. © Pierre Formenty, OMS

    Avec un taux de mortalité qui peut atteindre 90 %, le virus Ébola est un agent infectieux très virulent. Il a été identifié en 1976, notamment au Zaïre, après une grave flambée épidémique qui tua 280 personnes sur 318.

    ÉbolaÉbola peut provoquer de fortes fièvres et se transmet facilement par contact direct avec le sang, les sécrétions, les organes ou les liquidesliquides biologiques des personnes contaminées. Il est d'autant plus dangereux qu'aucun traitement n'est disponible pour le moment. Cependant, cela pourrait bientôt changer. Des chercheurs de l'US Army Medical Research Institute of Infectious Diseases ont identifié des composés capables de contrer ce virus chez la souris. Ces résultats sont publiés dans la revue Science Translational Medicine.

    Ébola est un virus filamenteux de la famille des filoviridés. Pour l'heure, il n'existe encore aucun traitement. Certains médicaments modulateurs d'œstrogènes pourraient être efficaces. © Frederick Murphy, CDC, DP
     
    Ébola est un virus filamenteux de la famille des filoviridés. Pour l'heure, il n'existe encore aucun traitement. Certains médicaments modulateurs d'œstrogènes pourraient être efficaces. © Frederick Murphy, CDC, DP

    Au vu de sa virulence, Ébola est cultivé dans des laboratoires de classification P4, qui accueillent les germesgermes extrêmement pathogènes. Les auteurs ont examiné l'effet de plus de 2.000 composés sur des cultures de cellules infectées par le virus. Plusieurs médicaments modulateurs du taux d’œstrogènes se sont révélés efficaces. C'est le cas du clomifène ou Clomid, prescrit pour améliorer la fertilité féminine, et du torémifène, utilisé dans le traitement du cancer du sein.

    90 % des souris traitées au Clomid survivent à Ébola

    Les chercheurs ont ensuite testé ces deux moléculesmolécules prometteuses chez la souris. Pour ce faire, ils ont tout d'abord inoculé le virus Ébola à 20 animaux. Après une heure d'incubation, ils leur ont administré du Clomid ou du torémifène. Dix souris ont également été utilisées comme témoins, et n'ont donc pas reçu de médicament. Ces dernières sont mortes en moins d'une semaine. En revanche, sur dix souris traitées avec du Clomid, neuf étaient encore vivantes après un mois. Pour le torémifène, cinq rongeursrongeurs sont morts au bout de dix jours et les autres ont survécu au moins un mois.

    Dans leur étude, les scientifiques ont montré que les deux composés provoquent l'emprisonnement du virus mortel dans des vésicules cellulaires, les endosomes, qui sont pourtant sa porteporte d'entrée dans la cellule. En fusionnant avec la membrane cellulairemembrane cellulaire, le virus se retrouve à l'intérieur, enfermé dans un endosomeendosome. Il ne lui reste plus qu'à fusionner avec la membrane de cette vésicule, et son ARNARN est libéré dans le cytoplasmecytoplasme. Avec le Clomid ou le torémifène, cette seconde fusionfusion n'a pas lieu, et le virus reste enfermé dans son endosome et ne peut agir.

    Ces résultats sont très encourageants et offrent l'espoir de mettre en place un traitement pour soigner l'infection par le virus Ébola. Cependant, de nombreuses études sont encore nécessaires pour tester l'effet de ces molécules chez l'Homme et pour comprendre leur mécanisme d'action.