Indicateur clé de la santé d’une population, le taux de mortalité infantile est en augmentation significative en France depuis l’année 2012, signifiant que le pays s’éloigne ainsi de la situation d’autres nations avec des économies développées. Des chercheurs français ont analysé les données d’état civil de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) entre 2001 et 2019.


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    Les Nations unies ont fixé comme l'un de leurs objectifs prioritaires l'élimination des décès évitables d'enfants d'ici à 2030. La grande majorité des décès pédiatriques survenant au cours de la première année de vie, on utilise le taux de mortalité infantile pour suivre la progression vers cet objectif -- le taux de mortalité infantile (TMI) a été défini comme le nombre de décès d'enfants de moins d'un an (J0-J364) pour 1.000 naissances vivantes en une période donnée.

    Ce taux est un indicateur clé de la santé de la population, étant donné sa forte relation avec le développement socio-économique et la qualité des soins préventifs et curatifscuratifs existants dans le pays. Dans certains pays avec des économies avancées comme la Finlande et la Suède, la réduction du taux de mortalité infantile est continue depuis la Seconde Guerre mondiale. Dans d'autres pays comme la France, cette baisse semble ralentir.

    En l'absence de données actualisées sur les tendances statistiques de cet indicateur en France, des scientifiques de l'Inserm, d'Université de Paris, de l'Assistance Publique-Hôpitaux de Paris, du CHU de Nantes et de l'Université de Californie ont voulu aller plus loin dans les analyses statistiques de l'évolution du taux de mortalité infantile en France et se sont plus spécifiquement intéressés à la période de 2001 à 2019. Les résultats sont publiés dans le journal The Lancet Regional Health Europe et témoignent de l'importance d'approfondir la recherche des causes précises des 1.200 décès par excès observés chaque année en France avant l'âge d'un an.

     Taux de mortalité infantile pour 1.000 naissances vivantes. © Inserm
     Taux de mortalité infantile pour 1.000 naissances vivantes. © Inserm

    Au cours de cette période d'étude, 53.077 décès de nourrissons ont été enregistrés parmi les 14.622.096 naissances vivantes, soit un taux de mortalité infantile moyen de 3,63/1.000 (4,00 chez les garçons ; 3,25 chez les filles). Près d'un quart des décès (24,4 %) sont survenus au cours du premier jour de vie et la moitié (47,8 %) au cours de la période néonatale précoce, soit au cours de la première semaine suivant la naissance.

    Approfondir la recherche sur les causes de ces décès

    Une analyse statistique poussée a identifié deux points d'inflexion en 2005 et 2012 (figure ci-dessus). Le taux de mortalité infantile a fortement diminué de 2001 à 2005, puis de façon plus lente de 2005 à 2012. À partir de 2012, une augmentation significative du taux de mortalité infantile a été observée. Cette augmentation de 7 % a fait passer la mortalité infantile de 3,32 en 2012 à 3,56 décès pour 1.000 naissances vivantes en 2019.

    On observe chaque année en France un excès d’environ 1.200 décès d’enfants âgés de moins d’un an

    Des analyses de sensibilité (complémentaires qui permettent d'étayer la robustesse des analyses principales) ont montré que cette tendance n'était pas liée à la modification des pratiques d'état-civil, ni à la modification des pratiques médicales pour la prise en charge des nouveau-nés atteints d'affections graves. Des analyses en sous-groupes indiquent que cette hausse est principalement due à une augmentation du taux de mortalité infantile dans la période néonatale précoce.

    « Grâce à des analyses statistiques poussées, nous avons identifié une aggravation significative du taux de mortalité infantile en France depuis 2012. En comparant les données par rapport à d'autres pays européens à économie similaire tels que la Suède et la Finlande, on observe chaque année en France un excès d'environ 1.200 décès d'enfants âgés de moins d'un an, explique le Pr Martin Chalumeau, dernier auteur de l'étude. Il est primordial de pouvoir explorer en détail les causes de cette augmentation en disposant par exemple d'informations systématiques sur les circonstances médicales et sociales précises de ces décès et en faisant de cette population, qui est la plus vulnérable, une réelle priorité de recherche et de santé publique, ce qui n'est pas le cas actuellement », conclut le chercheur.

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