Aujourd'hui dans Patient bizarre, un consommateur de drogue daltonien qui se livre à une petite expérience pour améliorer sa perception des couleurs.
au sommaire
Un Américain de 35 ans a vu son daltonisme s'améliorer grâce à la consommation de champignonschampignons hallucinogènes riches en psilocybine. Il n'a pas participé à un nouveau protocoleprotocole médical, mais a réalisé ces expériences tout seul chez lui. Heureusement, l'histoire est parvenue aux oreilles des médecins d'un hôpital de Cleveland qui ont publié les détails de ce cas, considéré comme unique à ce jour, dans Drug Science, Policy and Law.
La psilocybine contre le daltonisme
Le daltonisme est une anomalie dans la perception des couleurscouleurs d'origine génétique, dont le gène muté est situé sur le chromosome X. Il existe plusieurs types de daltonisme selon le type de cônes, les cellules de l'œilœil qui détectent les couleurs, dysfonctionnels. Notre patient est atteint de deutéranomalie, il perçoit les trois couleurs de base (rouge, vert, bleu) mais avec une altération des cônes « verts » qui modifie légèrement les couleurs qu'ils voient. C'est la forme de daltonisme la plus courante puisqu'on estime qu'un homme sur 20 est concerné.
L'homme de 35 ans a déjà consommé à plusieurs reprises des droguesdrogues comme le LSD, la MDMA, des champignons hallucinogènes, du cannabiscannabis, du 2C-B et de la DMTDMT. Mais seule la psilocybinepsilocybine a permis d'améliorer sa perception des couleurs. Face à ce constat, avec une approche rigoureuse, il a décidé de déterminer la quantité de champignons nécessaire à la régression de son daltonisme. Il décide de réaliser un test d'Ishihara, qui permet de diagnostiquer le daltonisme, avant et après son « trip » hallucinogène.
Avant de prendre la psilocybine, le patient a obtenu un score de 14 sur 21, ce qui correspond à une deutéranomalie légère (un score de 17 et plus témoigne d'une perception des couleurs normale et un score inférieur à 13 une forme de daltonisme). Suite à cela, il prend cinq grammes de champignons hallucinogènes séchés. Il refait le test douze heures plus tard, puis à plusieurs reprises pendant les quatre mois suivants. Au premier test post-psilocybine, il obtient un score de 15, le lendemain un score de 18, suffisant pour considérer sa perception des couleurs comme normal, et huit jours après, un score maximal de 19.
Une piste thérapeutique pour traiter le daltonisme ?
Selon le patient, son score est resté à 18 pendant les quatre mois durant lesquels il a fait régulièrement le test d'Ishihara. Les médecins de l'hôpital de Cleveland décident à leur tour de faire le test, dans des conditions médicales strictes. Nous sommes 436 jours après la prise de champignons hallucinogènes. Le patient obtient un score de 16, suggérant que la régression de son daltonisme est durable. Mais il avoue plus tard qu'il a repris des champignons hallucinogènes, entre autres drogues, quatre mois avant le test, ce qui rend le résultat difficile à analyser. Les médecins concluent que la prise de psilocybine a permis d'améliorer la perception des couleurs chez ce daltonien léger pendant au moins 16 jours, ou peut-être plus.
Comment une drogue peut-elle agir sur une maladie d'origine génétique comme le daltonisme ? Le mystère reste entier. D'autant que ce cas, entièrement rapporté de manière subjective par le patient, doit être considéré avec précaution puisque rien n'a été fait dans des conditions contrôlées par des médecins ou autres professionnels de santé. Le bénéfice sur le daltonisme est léger et transitoire, et ne justifie pas la consommation de drogues hallucinogènes illégales dont les effets secondaires sont nombreux et bien connus : dépendance, overdose mortelle, « bad trip », syndromesyndrome de manque, problèmes psychiques pour n'en citer que quelques-uns.