Les champignons hallucinogènes produisent de la psilocybine. Cette molécule est responsable des effets sur notre cerveau. Mais à quoi sert-elle dans la nature ? Une nouvelle étude suggère que ce composé psychoactif évite aux champignons d’être mangés par des insectes.

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    Les champignons hallucinogènes contiennent de la psilocybine, un composé qui agit sur le cerveau en se fixant sur le récepteur de la sérotonine. La psilocybine a été décrite et produite dès 1958 par Albert Hofmann ; ensuite, dans les années 1970, la réglementation très stricte sur les drogues a limité la progression des recherches sur cette moléculemolécule.

    Récemment, il y a un regain d'intérêt pour les molécules produites par les champignonschampignons hallucinogènes. La psilocybine intéresse en effet la recherche médicale pour le traitement de troubles psychologiques, comme la dépression ou l'addiction.

    Le saviez-vous ?

    Historiquement, les champignons hallucinogènes étaient utilisés lors de cérémonies dans certaines civilisations méso-américaines. Leur usage était courant dans les tribus aztèques de l’ère précolombienne.

    La psilocybine est produite par des champignons issus de groupes différents appartenant à l'ordre des Agaricales. Comment expliquer que des champignons issus de lignées distinctes produisent tous des molécules hallucinogènes ? Pour le savoir, des chercheurs de l'université d’État de l’Ohio (États-Unis) ont séquencé trois espècesespèces de champignons hallucinogènes issus de différentes familles : Psilocybe cyanescens, Gymnopilus dilepis et Panaeolus cyanescens. Ils ont aussi étudié des espèces proches qui n'étaient pas hallucinogènes.

    Les chercheurs ont découvert un cluster de cinq gènes dans le génomegénome des trois champignons, ce qui suggère un transfert horizontal de gènes entre différentes lignées : ces gènes responsables de la présence des molécules hallucinogènes auraient « sauté » d'une espèce à une autre.

    La psilocybine est une molécule qui a été testée dans le cadre du sevrage tabagique. © Kenishirotie, Fotolia

    La psilocybine est une molécule qui a été testée dans le cadre du sevrage tabagique. © Kenishirotie, Fotolia

    Une stratégie évolutive pour ne pas être mangé par des insectes

    Ce transfert de gènes pourrait être une réponse à la pressionpression de sélection qui s'exerce sur les champignons lorsque ces derniers sont confrontés à un environnement dans lequel beaucoup d'insectesinsectes veulent les manger, comme dans du fumier.

    Comme chez les humains, la psilocybine doit interférer avec un neurotransmetteurneurotransmetteur des insectes. Chez les mouches, la sérotonine est impliquée dans le contrôle de l'appétit. La psilocybine agirait donc sur le cerveau des insectes, au point qu'ils ne pourraient plus correctement répondre à leurs besoins vitaux. Les champignons seraient ainsi devenus hallucinogènes pour « droguer » les insectes qui viennent les grignoter.

    Les champignons représentent une source intéressante de molécules actives sur le cerveau. Leur étude approfondie pourrait permettre d'identifier de nouveaux traitements contre des maladies neurologiquesmaladies neurologiques. Ces résultats paraissent dans la revue Evolution Letters.