Le syndrome de Takotsubo apparaît après un choc émotionnel ou physique. Appelé aussi la maladie du cœur brisé, il est caractérisé par des anomalies de contraction du ventricule gauche qui peuvent laisser des stigmates. Des chercheurs testent une molécule pour atténuer les blessures du cœur provoqué par cette maladie mal connue.


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    L'expression « avoir le cœur brisé » n'est pas si imagée que cela. Il existe bel et bien une maladie cardiaque qui apparaît dans deux tiers des cas après un choc émotionnel ou physiquephysique. C'est le syndrome de Takotsubo, surnommé aussi le syndrome du cœur brisé. Il a été décrit pour la première fois en 1990 par un médecin japonais et reste encore aujourd'hui assez peu étudié. Néanmoins, les médecins experts du sujet se sont mis d'accord sur un ensemble de symptômes considérés comme caractéristiques du syndrome de Takotsubo afin d'en faciliter le diagnostic.

    Il est défini par des douleurs thoraciques et des dyspnées mais surtout des anomaliesanomalies dans la contraction du ventriculeventricule gauche du cœur qui peuvent endommager les tissus (fibrosefibrose). La maladie apparaît le plus souvent chez des femmes âgées de plus de 50 ans, mais elle a été aussi observée chez des hommes et des nouveau-nés. Elle peut aussi se déclencher en l'absence d'un choc émotionnel ou physique.

    Le syndrome de Takotsubo a longtemps été considéré comme bénin car, dans la plupart des cas, les symptômes se résorbent d'eux-mêmes après quelques jours ou semaines. Néanmoins, certains patients ont eu des complications graves, voire mortelles. Les scientifiques cherchent encore à définir la pathogénèse ou les facteurs favorisant ou aggravant cette maladie assez rare et sans traitement spécifique.

    La comparaison entre un cœur redevenu sain après deux semaines (C et D) et un cœur atteint du syndrome de Takotsubo (A et C). Takotsubo signifie « piège à poulpe » en japonais ; la maladie porte ce nom à cause de la forme du ventricule qui rappelle ces objets traditionnels (à gauche). © <em>Courtesy of Dr Dote, Hiroshima City Asa Hospital</em>, Hiroshima, Japan.
    La comparaison entre un cœur redevenu sain après deux semaines (C et D) et un cœur atteint du syndrome de Takotsubo (A et C). Takotsubo signifie « piège à poulpe » en japonais ; la maladie porte ce nom à cause de la forme du ventricule qui rappelle ces objets traditionnels (à gauche). © Courtesy of Dr Dote, Hiroshima City Asa Hospital, Hiroshima, Japan.

    Soigner les dommages du syndrome de Takotsubo

    Des chercheurs de l'université de Monash, en Australie, pensent avoir mis la main sur un traitement capable d'atténuer les dysfonctionnements cardiaques observés dans le syndrome de Takotsubo. Il s'agit d'une moléculemolécule déjà homologuée comme anticancéreuxanticancéreux et dont les propriétés cardioprotectrices ont été mises en évidence dans d'autres expériences.

    Cette molécule s'appelle l'acideacide subéranilohydroxamique ou Saha, et est commercialisée sous le nom de Zolinza (prescrite pour des lymphomeslymphomes cutanéscutanés à cellules T). Le médicament est testé chez des souris chez lesquelles le syndrome de Takotsubo est mimé par l'injection d'isoprénaline, une substance inotrope qui force la contraction du cœur. Les scientifiques observent alors les mêmes anomalies du ventricule gauche, typiques de la maladie, ainsi que des dépôts de collagènecollagène qui témoignent de la fibrose.

    Avec l'injection intrapéritonéale de Saha, les dépôts de collagène sont moins importants et donc les blessures induites par l'isoprénaline. Selon les scientifiques, le Saha agit directement sur l'expression de certaines gènesgènes, notamment ceux activés lorsque les cellules cardiaques subissent un stressstress pour protéger le cœur des blessures. Bien que très préliminaires, ces recherches offrent une piste intéressante pour soigner les séquellesséquelles du syndrome du cœur brisé.