Avec la joie, la tristesse et la colère, la peur est l’une des quatre émotions principales que nous ressentons au cours de notre vie. Elle intervient lorsque notre cerveau perçoit un danger. Parfois, elle s’inscrit alors dans notre mémoire. Et des chercheurs nous expliquent aujourd’hui par quel mécanisme.


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    Les neurobiologistes n'ont longtemps accordé que peu d'importance au rôle joué par notre cerveau en matièrematière d'émotions. Récemment, des résultats intéressants sont venus éclairer les relations entre la peur, notamment, et la mémoire.

    Et aujourd'hui, des travaux coordonnés par des chercheurs de l'Institut des neurosciences cellulaires et intégratives de Strasbourg (France) concluent que les traces laissées dans le cerveau par la peur sont susceptibles de se former dans l'hypothalamus. De quoi ouvrir des perspectives pour soigner certaines peurs pathologiquespathologiques.

    Les chercheurs démontrent en effet que des engrammes -- des ensembles de cellules formant la base de la trace mémorielle enregistrée par le cerveau -- peuvent se former dans l'hypothalamus, mettant en évidence son rôle dans la régulation de la mémoire de la peur. « Les engrammes sont bien connus, mais uniquement dans les structures corticales supérieures. L'originalité c'est de montrer que cela peut aussi exister dans des structures évolutivement anciennes, comme l'hypothalamus », explique Alexandre Charlet à l'AFP.

    Un accident de la route peut provoquer chez une personne une peur intense qui s’inscrit dans sa mémoire et la plonge dans un état de stress post-traumatique. En identifiant les circuits spécifiques à l’œuvre dans le cerveau, les chercheurs espèrent trouver de nouvelles solutions thérapeutiques. © Rico_Loeb, Pixabay License
    Un accident de la route peut provoquer chez une personne une peur intense qui s’inscrit dans sa mémoire et la plonge dans un état de stress post-traumatique. En identifiant les circuits spécifiques à l’œuvre dans le cerveau, les chercheurs espèrent trouver de nouvelles solutions thérapeutiques. © Rico_Loeb, Pixabay License

    Vers de nouvelles pistes thérapeutiques

    « À ce jour, le dogme prédominant veut que la mémoire soit encodée dans l'hippocampehippocampe pour être ensuite stockée dans le cortex. Cette vision limitée ne prend que peu en considération les autres structures cérébrales », indique un communiqué diffusé par l'université de Strasbourg. Grâce à une nouvelle méthode de ciblage génétique, permettant de toucher spécifiquement les neurones activés lors d'une réaction de peur, les chercheurs ont découvert « la formation d'engrammes hypothalamiques dont la manipulation altère drastiquement l'expression et le souvenir d'une peur. »

    Les chercheurs sont parvenus à gommer ou au contraire à faire persister l'expression de la peur en intervenant sur les neurones produisant l'ocytocineocytocine, l'hormone dite « de l’amour » fortement impliquée dans la régulation des émotions. « Nous montrons une communication entre l'hypothalamus, les neurones qui produisent de l'ocytocine et l'amygdale -- une partie du cerveau qui gère les émotions comme la peur et le stressstress (NDLRNDLR) », résume Alexandre Charlet.

    Les circuits spécifiques à la mémoire de la peur sont maintenant identifiés.

    « Ces recherches nous permettent de mettre le doigt sur des circuits spécifiques et maintenant qu'ils sont identifiés, nous pouvons très bien chercher des agents pharmacologiques qui vont pouvoir les inhiber ou les activer de manière précise », conclut-il. Ainsi ces découvertes pourraient « permettre l'émergenceémergence de nouvelles stratégies thérapeutiques, notamment quand la peur devient pathologique, comme dans le cas des troubles de stress post-traumatiquesstress post-traumatiques », précise le communiqué de l'université.