Depuis longtemps, les sels d'aluminium sont suspectés d'être cancérigènes pour l'Homme. Une étude récente montre que des cellules de mammifères exposées au chlorure d'aluminium développent des anomalies chromosomiques, comme cela est observé dans certains cancers.


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    L'aluminiumaluminium est un des éléments les plus abondants sur Terre. La plupart du temps, il se retrouve sous une forme oxydée ou complexée avec d'autres éléments pour former ce que l'on appelle les sels d'aluminium. Le chlorure d'aluminium est un ingrédient très prisé de l'industrie cosmétique, utilisé dans les crèmes solaires ou les anti-transpirants par exemple. Ils sont aussi présents dans l'eau, dans notre alimentation et dans certains médicaments.

    L'aluminium n'a aucun rôle biologique connu. Comme les cellules n'ont pas besoin de lui pour fonctionner, elles n'ont aucune raison de le laisser passer dans leur membrane. Mais, à force d'être en contact répété avec des sels d'aluminium, notamment par les cosmétiques, il finit tout de même par s'accumuler dans les cellules. Depuis longtemps, une exposition répétée à l'aluminium est suspectée de provoquer des cancers. Les anti-transpirants contenant de chlorure d'aluminium sont souvent pointés du doigt comme étant l'un des facteurs favorisant l'apparition des cancers du sein, sans pour autant le démontrer formellement. 

    Les mécanismes qui conduisent à la « cancérisation » des cellules sont mal décrits. Des chercheurs de l'université d'Oxford et de la Fondation des Grangettes en Suisse ont observé que le chlorure d'aluminium internalisé dans les cellules, à des concentrations proches de celles présentes dans les tissus humains, provoquent des anomalies chromosomiquesanomalies chromosomiques

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    L'aluminium un métal d'exception

    L'aluminium provoque des dommages sur l'ADN

    Ils ont réalisé leurs expériences sur des cellules de hamster chinois, une lignée fréquemment utilisée pour des tests toxicologiques. En mettant les cellules en contact, pendant plusieurs heures, des quantités croissantes de chlorure d'aluminium, les scientifiques ont observé une augmentation de la fréquence des anomalies chromosomiques, comme les cassures double-brin dans l'ADN et des cellules, qui, à l'issue de la division cellulaire, portent un nombre anormal de chromosomes.

    Le chlorure d'aluminium, même dans les quantités les plus élevées testées ici, ne tue pas les cellules. Il provoque des dommages chromosomiques que la cellule cherche à réparer. Pour se faire, elle peut bloquer son cycle de division à différents « checkpoints ». Ici, les cellules de hamster restent bloquées juste avant la mitose (phase G2/M), le moment où la cellule se divise en deux après avoir répliqué son génome, signe que le chlorure d'aluminium est responsable de dommages à l'ADN. Car, tant que les modifications ne sont pas réparées, la cellule ne se divise pas.

    Le chlorure d'aluminium est composé d'un ion aluminium et de trois ions chlorure. © Gregory, Adobe Stock
    Le chlorure d'aluminium est composé d'un ion aluminium et de trois ions chlorure. © Gregory, Adobe Stock

    Des cellules aux chromosomes aberrants

    Cette phase G2 prolongée a aussi des conséquences sur la suite de la division cellulaire, notamment lors de la formation du fuseau mitotique, la structure qui répartie équitablement les chromosomes dans chaque cellule-fille. La séparationséparation des chromosomes se fait selon un axe central, la plaque équatoriale, vers les deux pôles de la cellule. L'aluminium semble perturber ce processus : « Nous avons observé une augmentation significative de la fréquence des mitoses multipolaires dans les cellules V79 exposées à l'aluminium en comparaison avec les cellules contrôles », écrivent les auteurs de l'article.

    Résultat : des cellules se forment avec une organisation chromosomique aberrante ou des chromosomes en trop ou en moins (aneuploïdieaneuploïdie autosomiqueautosomique). L'aneuploïdie est très fréquente chez les cellules devenues cancéreuses. Selon les auteurs de cette étude, l'accumulation de chlorure d'aluminium n'est pas inoffensive pour les êtres humains et ses conséquences sur le long terme doivent être évaluées.