Des chercheurs américains ont étudié les mécanismes de réponses des moustiques à des stimuli comme l'odeur humaine ou un flux de dioxyde de carbone. Ils ont ainsi pu préciser dans quelles conditions les moustiques sont effectivement attirés par leur hôte. Des informations utiles pour tenter de piéger ses insectes nuisibles.

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    Les moustiques sont attirés par les effluves non continues de dioxyde de carbone, accompagnées d'odeurs humaines. © Marcos Texeira de Freitas, Flickr, cc by nc 2.0

    Les moustiques sont attirés par les effluves non continues de dioxyde de carbone, accompagnées d'odeurs humaines. © Marcos Texeira de Freitas, Flickr, cc by nc 2.0

    Les femelles moustiques prélèvent du sang sur leurs victimes afin de nourrir leurs œufs. Elles ont besoin de deux paramètres pour repérer les hôtes sur lesquels le sang va être pris : un flux de CO2 et l'odeur dégagée par l'hôte. Mais la façon dont elles analysent ces deux paramètres est intéressante : un flux continu de CO2 n'attire pas l'intérêt, au même titre que l'odeur isolée d'un hôte.

    Les moustiques sont les vecteurs de quelques-unes des maladies les plus mortelles au monde : dengue, paludisme, chikungunya, etc. La lutte contre ces insectes est un défi primordial tant les enjeux démographiques et sanitaires sont importants et les traitements limités, voire inexistants.

    Connaître pour mieux piéger

    Connaître le comportement de ces insectes, c'est être capable de mettre au point des stratégies pour les piéger. C'est tout l'objectif des recherches de Teun Dekker et Ring Cardé, de l'université de Californie Riverside, dont les résultats sont publiés dans la revue Journal of Expermiental Biology.

    Zones à risque pour la dengue en 2010. Les lignes isothermes montrent la limite de la zone à risque au sein de laquelle <em>Aedes aegypti</em> est présent toute l'année. © Organisation mondiale de la santé, 2010

    Zones à risque pour la dengue en 2010. Les lignes isothermes montrent la limite de la zone à risque au sein de laquelle Aedes aegypti est présent toute l'année. © Organisation mondiale de la santé, 2010

    Les expériences des deux scientifiques ont porté sur des femelles de l'espèce Aedes aegyptiAedes aegypti, responsable de la transmission de la fièvre jaunefièvre jaune et de la dengue. Ils ont tenté de déterminer les stimuli olfactifs qui attirent ces moustiques et dans quelles conditions.

    Si l'on savait que les odeurs humaines attiraient les moustiques femelles, des travaux de Teun Dekker datant de 2001 avaient montré qu'un faisceau continu de dioxyde de carbone n'avait aucune influence sur la trajectoire de vol d'Aedes aegypti, indiquant qu'ils n'étaient pas attirés par le CO2, gazgaz pourtant relâché par les humains lors de la respiration.

    Les moustiques attirés par les expirations de CO2

    Mais ces conclusions étaient erronées. Les femelles A. aegypti sont bien attirées par les effluves de CO2 à condition qu'elles ne soient pas continues, mimant ainsi la respiration. C'est ce que les deux chercheurs ont mis en évidence en plaçant des moustiques dans un tunnel et en observant la trajectoire de leur vol varier au gré des odeurs, et notamment, des faisceaux alternatifs de CO2.

    Zones et pays à risque pour la fièvre jaune, en 2008. © OMS, 2008

    Zones et pays à risque pour la fièvre jaune, en 2008. © OMS, 2008

    Concernant l'odeur humaine, le moustique va remonter le flux, particulièrement s'il est large et si les effluves sont constantes, à l'image d'un hôte potentiel, et encore davantage s'il est accompagné d'effluves de CO2. En effet, la simple odeur d'un hôte ne signifie pas forcément que ce dernier est vivant. En outre la réaction du moustique à ce stimulus n'est pas immédiate. 

    Dioxyde de carbone odeur humaine : mélange gagnant

    Pris séparément, le stimulus du dioxyde de carbone est plus efficace que les émanations d'odeur humaine. Mieux encore, des concentrations de CO2 à peine supérieures à celles présentes dans l'atmosphèreatmosphère sont suffisantes pour susciter une réaction immédiate chez les femelles moustiques.

    Le mélange parfait pour les attirer, c'est d'abord un faisceau non continu de CO2, auquel viennent ensuite s'ajouter les émanations odorantes d'un hôte. C'est en effet lorsque le moustique approche de son hôte que ces dernières sont importantes, afin de choisir l'endroit exact de la piqure.

    Maintenant que les mécanismes de réponses aux stimuli sont compris et que les chercheurs savent ce qui attire les moustiques, il devrait être possible de mettre au point des pièges efficaces afin de limiter la dispersion des différentes maladies dont ces insectes sont les vecteurs.