Un traitement à large spectre, baptisé Draco, vient d'être mis au point par une équipe de chercheurs pour lutter contre de nombreux virus humains. Il agit en induisant le suicide cellulaire des cellules infectées. Ses premiers résultats in vitro et in vivo sont prometteurs.

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    Draco est un traitement antiviral à large spectre qui pourrait permettre de lutter contre de nombreux virus, dont celui de la grippe. © Sanofi Pasteur, Flickr, cc by nc nd 2.0

    Draco est un traitement antiviral à large spectre qui pourrait permettre de lutter contre de nombreux virus, dont celui de la grippe. © Sanofi Pasteur, Flickr, cc by nc nd 2.0

    Des chercheurs du très célèbre Massachussets Institute of Technology (MIT) viennent de mettre au point un traitement à spectrespectre large, capable de neutraliser un grand nombre de virus. Une unique solution pour tous les maux, c'est une petite révolution dans le monde de la médecine.

    La technique, détaillée récemment dans la revue en ligne Plos One, repose sur un phénomène appelé apoptose. Il a été mis en évidence en 1972 par une équipe de chercheurs écossais et équivaut à un suicide cellulaire. Ainsi, quand elles en reçoivent le signal, les cellules déclenchent leur autodestruction.

    Les scientifiques ont donc cherché un moyen de transmettre un tel signal aux cellules endommagées et infectées par les virus. Ce traitement a été baptisé Draco, pour Double-stranded RNA (dsRNA) Activated Caspase Oligomerizers

    Reconnaissance et induction du suicide des cellules infectées

    Pour que ce procédé soit efficace, il fallait non seulement induire le suicide des cellules infectées, mais les chercheurs ont aussi dû faire en sorte que seules ces cellules soient ciblées et que les cellules saines ne soient pas endommagées. Et c'est là que l'ARN double brindouble brin (dsRNA) intervient. La plupart des virus ont un génome formé d’ARN simple brin ou d’ARN double brin. Lorsqu'ils attaquent une cellule, leur génome est répliqué grâce aux outils enzymatiquesenzymatiques de la cellule colonisée. Pendant cette étape, de l'ARN double brin est formé.

    Le virus de la dengue, un des virus ciblés par le traitement Draco. ©  Sanofi Pasteur, Flickr, cc by nc nd 2.0

    Le virus de la dengue, un des virus ciblés par le traitement Draco. ©  Sanofi Pasteur, Flickr, cc by nc nd 2.0

    C'est cet ARN double brin qui est détecté par le traitement Draco. Les cellules des mammifèresmammifères forment aussi de l'ARN double brin, mais comme ces moléculesmolécules ont une longueur ne dépassant généralement pas la vingtaine de paires de bases, elles sont ignorées par le traitement.

    Une fois que les cellules à éliminer sont détectées, l'apoptose est déclenchée grâce à une cascade d'événements cellulaires qui aboutit à l'activation des caspases. Ces enzymesenzymes jouent un rôle clé dans l'apoptose : elles se lient à des protéinesprotéines essentielles au fonctionnement de la cellule et les détruisent par clivageclivage.

    Une quinzaine de virus ciblés

    Les chercheurs ont testé leur découverte sur des cellules in vitroin vitro et in vivoin vivo chez des souris. Les résultats sont probants puisque le traitement a permis d'éliminer de nombreux virus, parmi lesquels celui de la dengue (photo du virus ci-dessus), de la grippe H1N1, de certaines fièvres hémorragiques, etc. En outre, il s'est révélé inoffensif pour onze types de cellules saines de mammifères.

    Ce procédé à large spectre est particulièrement intéressant. En général, les traitements antiviraux sont en effet hautement spécialisés et parfois, une thérapiethérapie valable pour une souche est inefficace pour une autre. C'est le cas des vaccins contre les virus de la grippe notamment. À noter que Draco constitue une nouvelle piste sérieuse dans la lutte contre le Sida.