Une équipe de scientifiques européens a réussi à identifier des molécules organiques vieilles de 168 millions d'années sur des troncs de conifères fossilisés, en parfait état de conservation.

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    Coupe de tronc de conifère fossilisé ayant permis la découverte de molécules organiques fossilisées pratiquement intactes.

    Coupe de tronc de conifère fossilisé ayant permis la découverte de molécules organiques fossilisées pratiquement intactes.

    L'exploit a été réalisé par Leszek Marynowski (Faculté des Sciences terrestres, Université de Silésie), Angelika Otto (Forschungsinstitut Senckenberg, section paléo-botanique), Michał Zatoń (Faculté des Sciences terrestres, Université de Silésie), Marc Philippe (Université Claude BernardClaude Bernard Lyon 1 et UMR 5125 du CNRS) et Bernd R. T. Simoneit (College of Oceanic and Atmospheric Sciences, université d'Etat de l'Oregon). Et le bond scientifique est énorme, puisque les plus anciens échantillons de moléculesmolécules organiques connus jusqu'à présent n'étaient âgés "que" de 20 millions d'années.

    Les troncs fossiles étudiés proviennent de deux sites polonais qui ne sont pas inconnus des chercheurs: Gnaszyn Dolny et Kawodrza Dolna, non loin de Czestochowa, largement étudiés depuis la fin du XIXe siècle. De nombreux autres fossiles reposent en ces lieux, dont des ammonites et des étoilesétoiles de mer géantes, tous admirablement conservés.

    Les molécules organiques qui ont été mises en évidence, de la catégorie des terpénoïdesterpénoïdes, portaient encore leurs atomesatomes d'oxygène. Cet état de conservation exceptionnel et quasi-miraculeux n'est pas dû au fait que Jean-Paul II avait fait de cette région un de ses lieux de pèlerinage favoris, mais est plutôt attribué à deux facteurs conjugués.

    Il faut d'abord prendre en compte le rôle des phénols qui entrent dans la composition des résines, et dont l'action antibactérienne a probablement empêché les micro-organismesmicro-organismes de dégrader le bois. Ensuite, les troncs fossiles se sont trouvés durant très longtemps dans un milieu complètement privé d'oxygène.

    Marc Philippe, de l'université Claude-Bernard Lyon-I, CNRS, l'un des auteurs de l'étude, espère tirer un maximum de renseignements de l'étude de ces petits trésors chimiques. Il s'agit là d'une piste de recherche très prometteuse dans le domaine de la botanique et de l'étude de l'évolution des plantes et de leur parenté (phylogénie). "Les molécules organiques sont connues depuis longtemps, mais on n'avait pas encore pensé à les utiliser comme un outil permettant de reconstituer l'histoire des plantes au cours des temps géologiques" déclare Yann Hautevelle, chercheur à l'université Henri-Poincaré de Nancy-I (France). Cette nouvelle discipline, la paléochimiotaxonomie, pourrait permettre d'étudier la flore d'époques trop reculées pour avoir laissé des traces d'ADNADN identifiables.