Pour sa réunion annuelle, la Commission baleinière internationale a surtout constaté la nécessité de sa réorganisation. La chasse, elle, continue et le fossé se creuse entre les partisans de son autorisation et les pays décidés à renforcer le moratoire qui cherche à l'interdire.

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    Une baleine franche australe et son petit. Particulièrement chassée au 19è siècle (ces animaux riches en graisse donnent beaucoup d'huile et flottent une fois tués), cette espèce a vu ses populations augmenter un peu dans plusieurs régions. © IWC

    Une baleine franche australe et son petit. Particulièrement chassée au 19è siècle (ces animaux riches en graisse donnent beaucoup d'huile et flottent une fois tués), cette espèce a vu ses populations augmenter un peu dans plusieurs régions. © IWC

    A Santiago du Chili, la soixantième session annuelle de la Commission baleinière internationale (CBI, ou International Whaling Commission, IWC), réunie du 23 au 27 juin, connaît d'âpres discussions. Mais on sait qu'il n'en sortira pas d'accord définitif sur la chasse. Plus que jamais, les positions des pro et des anti-chasse semblent inconciliables.

    Créée en 1946, réunissant environ 80 pays, la CBI avait entériné en 1986 un moratoire sur la pêche à la baleine. Efficace, cette mesure a permis aux populations de cétacés de se reconstituer en partie. Plusieurs pays (notamment le Japon, la Norvège et l'Islande) ont néanmoins poursuivi leurs prélèvements, arguant d'une pêche de subsistance ou, pour le Japon, sous couvert d'une activité scientifique. De cette dernière raison, personne n'est dupe. Il s'agit bien d'une activité commerciale puisque les animaux sont vendus sur les marchés japonais. Depuis la mise en place de ce moratoire, plus de 30.000 cétacés ont été tués.

    L'Ifaw (Fonds international pour la protection des animaux) signale qu'un rapport vient d'être d'être remis à la CBI, prouvant que les prises japonaises de rorquals communsrorquals communs ont dépassé ce qu'a indiqué le gouvernement. Un biologiste américain, Scott Baker (Marine Mammal Institute, Oregon State University), a effectué 99 tests génétiquesgénétiques sur de la viande de baleine achetée dans le commerce depuis 2006. Six espèces ont été identifiées (baleine à bosse, rorqual commun, rorqual de Rudolphi, rorqual de Bryde, rorqual du Pacifique Nord et petit rorqual de l'AntarctiqueAntarctique). L'analyse de l'ADNADN a également permis de compter les individus. Pour le rorqual commun, les chercheurs ont repéré 15 animaux différents. Or, pour la période concernée et pour l'ensemble du territoire de pêche, le Japon n'a officiellement déclaré qu'une prise de 13 rorquals communs. Selon l'Ifaw, le gouvernement japonais affirme effectuer les mêmes études génétiques sur les animaux pêchés mais refusent d'en communiquer les résultats.

    La fin du moratoire ?

    Il semble donc que les déclarations officielles sous-estiment assez nettement les prélèvements. Ce n'est pas la première fois qu'une telle étude est menée. Entre 1999 et 2003, en Corée du sud, l'équipe du même Scott Baker avait analysé 289 morceaux de viande de baleine, achetés dans douze endroits différents. Les résultats, publiés en 2007 (et présentés lors de la précédente réunion de la CBI), montraient que cette viande provenait de 205 animaux différents alors que les Coréens avaient seulement déclaré une prise de 458 rorquals à museau pointu. Compte tenu du faible nombre d'échantillons analysés par rapport aux quantités vendues sur les marchés coréens, la conclusion des chercheurs était là aussi que les chiffres déclarés restent en deçà de la réalité.

    Mais ces interrogations sur quelques chiffres ne sont pas au centre des débats actuels de la CBI. Les pays pratiquant la chasse à la baleine demandent aujourd'hui la fin du moratoire de 1986 et la situation s'est quelque peu crispée. Finalement, les discussions portent surtout sur la réorganisation de la CBI, les uns voulant en faire un organisme décidant des quotas d'animaux qu'il serait autorisé de chasser et les autres d'une structure de protection des cétacés, prenant en compte d'autres menaces, comme les sonarssonars, la navigation ou la pêche. Ces animaux sont en effet souvent victimes des grands filets dérivants mais aussi de collisions avec les bateaux, ce qui représente un risque non négligeable pour les petits bâtiments. Pour la Méditerranée, où la densité de navires est importante, la France soutient d'ailleurs le projet Repcet (Report des positions des grands cétacés), qui consisterait à centraliser les détections d'animaux effectuées par les navires de commerce.

    Une autre proposition, émise par le Chili, qui l'a déjà mise à exécution sur ses côtes, sera de mettre en place une zone sanctuaire, en Atlantique sud, où toute chasse serait interdite. Les débats ne manquent donc pas de sujets...