Quand on le lui demande, le chien va chercher la balle. Mais associe-t-il le mot « balle » à la forme ronde de l’objet ? Il semblerait que les chiens soient capables de comprendre les mots humains. Mais leur façon de les enregistrer et de les généraliser à d’autres objets est très différente de la nôtre. Taille et texture seraient plus importantes que la forme.

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    Le chien est souvent considéré comme le meilleur ami de l'Homme. Il est capable d'apprendre et d'associer 200 mots humains à des objets. Toutefois, un chien ne fait pas le lien entre le mot et la forme de l'objet. © Sirpa Gendarmerie

    Le chien est souvent considéré comme le meilleur ami de l'Homme. Il est capable d'apprendre et d'associer 200 mots humains à des objets. Toutefois, un chien ne fait pas le lien entre le mot et la forme de l'objet. © Sirpa Gendarmerie

    Un chien bien dressé peut rapporter le journal ou les pantoufles à son maître lorsqu'il le lui demande. On pense souvent que l'animal interprète les mots de la même façon que nous. Pourtant, la question de savoir si les chiens partagent des compétences linguistiques avec l'Homme est au centre de nombreuses recherches. Déterminer les liens entre les compétences linguistiques de différentes espèces peut en effet déboucher sur une meilleure compréhension de l'évolution du langage humain

    Si un chien généralisait les mots qu'il comprend de la même façon qu'un humain, cela signifierait que les cerveaux de tous les mammifèresmammifères comprennent les mots de la même façon. Lorsqu'il apprend à parler, l'enfant généralise le nom d'un objet par rapport à son aspect. C'est ce qu'on appelle le « biais de forme ». Par exemple, l'enfant apprendra à reconnaître une balle de tennis et un ballon de football et classera ces deux mots dans la même catégorie de forme. Une étude récente montre que chez le chien, le rapport entre le langage humain et l'objet n'est pas le même. 

    Des spécialistes du comportement animal associés à des psychologues ont analysé la capacité d'apprentissage des mots d'un chien nommé Gable, un border collie de 5 ans. L'étude publiée dans le journal Plos One montre que le lexique mental de Gable (sa manière d'intégrer et de généraliser un mot) n'est pas construit de la même façon que chez l'Homme. Il semblerait que l'animal soit capable d'apprendre un mot, mais il ne le généraliserait pas en fonction de la forme de l'objet associé. 

    Gable est un border collie âgé de 5 ans. Ce chien connaît ses jouets, va les chercher quand on le lui demande, mais ne les reconnaît pas grâce à leur forme. © Emile van der Zee, Helen Zulch, Daniel Mills, cc by 2.5

    Gable est un border collie âgé de 5 ans. Ce chien connaît ses jouets, va les chercher quand on le lui demande, mais ne les reconnaît pas grâce à leur forme. © Emile van der Zee, Helen Zulch, Daniel Mills, cc by 2.5

    L'Homme se souvient de la forme d'un objet, le chien de sa taille

    Dans une première expérience, les scientifiques ont déterminé la capacité de Gable à comprendre les mots de son maître. Pour cela, ils ont testé le chien sur 54 objets dont le maître assure qu'il les reconnaît. L'animal a reconnu le nom de 43 objets sur 54. Cela montre qu'il est capable de comprendre la parole humaine. Deux autres expériences ont été menées pour analyser sa méthode de généralisation d'un mot. Les chercheurs ont introduit de nouveaux mots et de nouveaux objets de différentes formes, tailles et texturestextures. Gable a alors commencé à révéler l'absence de biais de forme dans ses choix.

    Lorsque l'animal est peu familiarisé avec l'objet, il a tendance à distinguer pour un mot donné les objets en fonction de leur taille. Lorsqu'il est plus habitué à l'objet, il fera une distinction plus fine en lien avec la texture de l'objet. D'après les expériences, la forme des objets n'a aucune influence. Le lexique mental des chiens domestiques est donc construit d'une manière sensiblement différente de la nôtre. Pour Emile van der Zee, premier auteur de la publication, « ceci suggère que le phénotypephénotype humain par rapport à la compréhension des mots a un caractère distinctif par rapport au chien domestique ».

    Chez l'Homme, le biais de forme pour la généralisation d'un mot est lié à l'histoire distincte de l'évolution du système sensoriel. Des études complémentaires doivent être réalisées pour confirmer les différences dans la généralisation du mot entre les humains et les chiens.