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Leptopilina heterotoma, une guêpe parasite, en train de pondre dans une larve de drosophile. © Roberto Ferrarese, CCNY, département de biologie
Pour les drosophiles, l'alcool n'est pas forcément à consommer avec modération. Dans certains cas, ces mouches peuvent même s'en servir comme médicament. Une étude montre en effet que la consommation d'éthanol leur permet de lutter contre certains parasites.
Des chercheurs de l'université Emory, qui ont publié leurs travaux dans Current Biology, ont observé le comportement de ponte de guêpes parasites des larves de drosophiles. Leurs expériences montrent que ces hyménoptères déposent moins d'œufs à l'intérieur des drosophiles ayant suivi un régime concentré en éthanol.
Alcool préventif et curatif pour les drosophiles
L'alcoolalcool a donc un effet préventif sur l'infection par le pathogènepathogène, mais également curatifcuratif, puisque les chercheurs ont montré que les larves, une fois infectées, se dirigent vers une source d'alimentation qui en contient. Signe qu'il s'agit bien d'une forme d'automédication.
Graphique montrant le taux de mortalité des œufs de guêpes (Leptopilina heterotoma et L. boulardi) dans les larves de drosophiles ayant eu accès ou non à une source de nourriture alcoolisée à 6 %. © Milan et al. 2012, Current Biology - adaptation Futura-Sciences
Quel est l'effet de l'alcool sur les œufs des pathogènes ? Comme l'indique l'attirance de Drosophila melanogaster pour les fruits trop mûrs et très chargés en éthanol issu de la fermentationfermentation, dans lesquels elle dépose ses œufs, la sensibilité de ces mouches à l'alcool est très faible. Ce qui n'est pas le cas des guêpes parasites. Au sein d'un milieu concentré en éthanol, le développement de ces larves débouche sur des malformationsmalformations, voire la mort.
Drosophile et guêpe parasite, la coévolution en marche
Des analyses plus poussées ont montré que l'alcool agit comme un substitut à un mécanisme du système immunitaire de la mouche. L'organisme d'une drosophile infectée répond naturellement au parasitisme des guêpes, mais si la larve a consommé de l'éthanol, la réponse immunitaire n'est pas déclenchée et c'est l'alcool qui se charge de l'intrus.
Il y a fort à parier que la pressionpression de sélection imposée par ce système de défense mène à une adaptation des guêpes pour une plus grande tolérance à l'éthanol. La marche est lancée, comme l'indiquent les expériences des chercheurs. Ils ont en effet testé deux guêpes parasites : l'une généraliste (Leptopilina heterotoma)) et l'autre spécialiste qui ne s'attaque qu'à D. melanogaster (L. boulardi). Et la seconde résiste bien mieux que la première, signe que le processus de coévolution est déjà en cours.
C'est la première fois qu'une étude montre une automédication reposant sur la consommation d’alcool. À noter qu'il s'agit bien là de mouches. Inutile d'aller soigner sa grippegrippe au bistro du coin...