Et si la catastrophe sismique survenue en Turquie en février dernier se reproduisait… mais dans le nord-ouest des États-Unis ? Une nouvelle étude suggère en effet que les multiples failles qui parcourent la région de Seattle ont produit de puissants séismes en cascade il y a tout juste 1 000 ans. Un comportement qui n’était pas envisagé jusqu’à présent et qui remet en question les modèles actuels du risque sismique pour cette région.


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    Quand on parle de séisme, le souvenir du terrible événement qui s'est produit en Turquie en février 2023 est encore dans tous les esprits. Un doubletdoublet de puissants tremblements de terretremblements de terre a en effet entraîné des destructions massives et causé la perte de dizaines de milliers de personnes. On sait aujourd'hui que les deux séismes survenus à quelques heures d'intervalles ont impliqué des failles peu profondes et interconnectées, la première rupture entraînant la seconde. Un schéma destructeur et relativement rare mais pourtant qui pourrait se produire dans une autre région du globe.

    Le nord-ouest américain sillonné par plusieurs grandes failles

    Comme la Turquie, l'ouest américain vit sous la menace constante de puissants tremblements de terre. La célèbre faille de San Andreas, qui découpe la croûtecroûte dans la partie sud-ouest du pays, est en effet redoutée pour sa capacité à produire des séismes très puissants. Les données montrent que la faille, dont le mécanisme est d'ailleurs similaire à celle qui a rompu en Turquie, accumule actuellement un important déficit de glissement, ce qui fait craindre un « Big One » à courte échéance. L'ensemble du système de faille de la région est donc surveillé comme du lait sur le feufeu.

    Contexte tectonique de la côte Pacifique des États-Unis. On y voit la faille de San Andreas. L'extrémité nord-ouest du pays est cependant également soumise à un important risque sismique comme le décrit une nouvelle étude. © USGS, domaine public
    Contexte tectonique de la côte Pacifique des États-Unis. On y voit la faille de San Andreas. L'extrémité nord-ouest du pays est cependant également soumise à un important risque sismique comme le décrit une nouvelle étude. © USGS, domaine public

    Mais une autre menace, tout aussi sérieuse et cependant bien moins considérée, pourrait se tapir dans la partie nord de la côte pacifique américaine. Dans l'État de Washington plus précisément, à proximité de la ville de Seattle. Une région où vivent plus de 4 millions de personnes.

    Une récente étude vient en effet de mettre en lumièrelumière l'existence d'un réseau de failles peu profondes, dont la dernière activité remonterait à l'an 923 ou 924, soit il y a tout juste 1 000 ans. L'événement en question n'est pas sans rappeler celui survenu en Turquie. Pour les scientifiques, qui ont publié leurs résultats dans la revue Science Advances, ce sont en effet l'ensemble des failles de la région qui aurait rompu en cascade dans un laps de temps très court, produisant l'équivalent d'un séisme de magnitudemagnitude 7,8.

    Des failles connectées et rompant en cascade

    La connexion entre les failles aurait en effet induit, comme en Turquie, un transfert rapide de contraintes, entraînant une déstabilisation des autres failles et leur rupture. Un schéma qui a toutes les chances de se reproduire dans le futur, et qui n'est actuellement pas pris en compte dans les modèles de risque sismique de la région. Les quatre failles majeures impliquées (failles de Seattle, de Saddle Mountain, de Tacoma et d'Olympia) sont pourtant connues depuis les années 1960. Mais personne ne soupçonnait jusqu'alors qu'elles puissent fonctionner sous la forme d'un cluster.

    C'est l'étude des arbres qui a apporté cette réponse et plus précisément la dendrochronologie. En comparant les cercles de croissance d'arbres vivants et morts dans la région, les scientifiques ont pu déterminer quand exactement ont eu lieu les derniers séismes sur ces failles.

    Des plongeurs récupèrent au fond d'un lac formé il y a 1 000 ans à la suite d'un séisme des morceaux de troncs d'arbres morts à ce moment-là afin de dater précisément l'événement. © Bryan Black
    Des plongeurs récupèrent au fond d'un lac formé il y a 1 000 ans à la suite d'un séisme des morceaux de troncs d'arbres morts à ce moment-là afin de dater précisément l'événement. © Bryan Black

    Des arbres morts tous en même temps

    Il apparait en effet que la dernière rupture sur la faille de Saddle Mountain a entraîné la déviation d'un ruisseau, menant à la formation d'un nouveau lac au milieu d'une forêt. Le fond de ce lac est ainsi jonché de troncs d'arbres morts.

    L'analyse dendrochronologique de ces troncs a été comparée à celle d'autres arbres ailleurs dans la région, victimes de glissements de terrain produits par la rupture de la faille de Seattle. Or, il s'avère que tous les arbres sont morts au même moment, soit à la fin de l'année 923, soit au début de l'année 924. Une preuve qu'au moins deux puissants séismes de magnitude 7,5 et 7,3 se sont succédé très rapidement. S'il y a 1 000 ans, l'impact de cet événement n'a certainement pas été significatif sur les populations précolombiennes occupant la région, une répétition de ce scénario à l'heure actuelle serait bien plus désastreuse.