« Bêtes de science », c’est comme un recueil d’histoires. De belles histoires qui racontent le vivant dans toute sa fraîcheur. Mais aussi dans toute sa complexité. Une parenthèse pour s’émerveiller des trésors du monde. Pour ce nouvel épisode, partons à la rencontre de l’un de nos plus proches cousins : l’orang-outan.


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    L'orang-outan, c'est un drôle d'animal. Il adore se balader de branche en branche. Grâce à ses bras puissants. À la recherche de fruits ou d'insectes. Et même de feuilles à déguster une fois posés sur la cime des arbres. Un drôle de singe, tellement proche de nous que les Malais lui ont donné le nom d'« homme de la forêt ».

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    En reportage, à la rencontre de l’orang-outan, « l’homme de la forêt »

    Malheureusement aujourd'hui, on ne le trouve pratiquement plus à l'état sauvage que sur les îles de Bornéo et de Sumatra. L'espèceespèce est considérée en danger critique d'extinction. Ou plutôt le genre. Puisqu'il existe en réalité trois espèces distinctes d'orangs-outans. Des espèces qui se différencient essentiellement par l'endroit où elles vivent. Même si les orangs-outans de Bornéo sont réputés légèrement plus petits que les autres.

    L'une des particularités des orangs-outans, c'est qu'ils sont les seuls grands singes à ne pas vivre en groupe. Ce sont plutôt des solitaires. À l'exception près des femelles et de leurs petits. Comme beaucoup de mamans mammifèresmammifères, les mamans orangs-outans accompagnent leur mini-moi jusqu'à ce qu'ils sachent notamment se nourrir tout seul. Et chez ces grands singes-là, cela peut durer longtemps. Jusqu'à neuf ans !

    Il faut reconnaître, à la décharge des rejetons, que trouver de la nourriture dans leur environnement n'est pas si simple. Les petits orangs-outans doivent ainsi apprendre à reconnaître et traiter plus de 200 aliments différents. Et beaucoup d'entre eux nécessitent plusieurs étapes avant que les singes puissent les déguster. Les écorces, par exemple, doivent être arrachées des arbres puis grattées avec les dents pour en retirer les parties nutritives. Certains aliments demandent même à ce que les orangs-outans sachent se servir d'outils. Comme pour extraire le miel des ruches. Les singes doivent savoir manier le bâton.

    Un enseignement tout en discrétion

    Chez les orangs-outans, l'apprentissage se fait par observation. Pour acquérir les bonnes compétences, les petits copient tout simplement leur maman. C'est ce que les scientifiques ont longtemps pensé. Mais une telle passivité les étonnait, tout de même. D'autant plus venant de la part de femelles qui passent énormément de temps avec leurs rejetons. Pourtant, ce n'est que récemment que des chercheurs ont noté, en observant plus précisément les comportements des mamans, que celles-ci n'étaient en réalité pas si passives que ça.

    Elles semblent, au contraire, adapter leur comportement à l'âge et aux capacités de leur mini-moi pour se mettre à sa portée. Un enseignement tout en subtilités. Les mamans orangs-outans se montrent ainsi plus patientes lorsque les petits doivent s'approprier des aliments plus difficiles à reconnaître ou plus compliqués à traiter. Et c'est en ce qui concerne les aliments qui demandent l'utilisation d’un outil qu'elles sont les plus tolérantes avec les jeunes orangs-outans. En revanche, pas question pour le bébé singe de quémander de simples feuilles. Il doit très vite apprendre à les cueillir lui-même.

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    L’orang-outan construit son lit avec la rigueur d’un ingénieur

    Rappelons qu'enseigner des capacités à ses congénères, c'est un comportement assez rare dans le règne animal. Même s'il a déjà été observé chez des espèces très éloignées les unes des autres. Grâce à leurs nouvelles observations, les chercheurs ajoutent une espèce de plus à la liste. Les orangs-outans présentent au moins une partie -- voire la totalité -- des conditions cognitives, écologiques et sociales qui leur permettent de soutenir cette capacité. De quoi souligner une fois de plus que les orangs-outans ne sont... pas si bêtes !