La nature des plus gros voyageurs des mers n'est plus, depuis quelques décennies, celle que l'on croit. Les cargos et les pétroliers rivalisent en taille avec les plus grands habitants des océans, parmi lesquels les requins-baleines dont l'effectif décroît mystérieusement malgré des mesures de protection internationales.


au sommaire


    Les requins-baleines Rhincodon typus sont la plus grande espèce de « poissons » (chondrichtyenschondrichtyens) actuels car certains spécimens peuvent mesurer jusqu'à 20 mètres de long. Ils sont emblématiques de la beauté des organismes marins mais aussi de leur fragilité face aux activités anthropiques. La liste rouge de l'UICN classe en effet R. typus comme une espèce en danger d'extinction et le nombre de ces géants planctonophages continue de décroître malgré une réglementation stricte du commerce de sa chair et de ses nageoires depuis 2003. L'hypothèse de collisions des individus avec de gros navires vient d'être évaluée à large échelle et les résultats sont publiés dans PNAS.

    Le requin-baleine est une espèce de chondrichtyen majoritairement planctonophage qui se nourrit notamment de copépodes. © David Robinson
    Le requin-baleine est une espèce de chondrichtyen majoritairement planctonophage qui se nourrit notamment de copépodes. © David Robinson

    Les mêmes lieux de fréquentation

    Les auteurs de l'étude ont pu traquer les mouvements de plusieurs requins-baleines, qu'ils ont comparés avec les zones de fréquentation des gros navires. Ils indiquent que 92 % de l'aire horizontale utilisée par R. typus est aussi fréquentée par ces navires (>300 tonnes) et que presque 50 % de la profondeur qu'utilisent ces requins est aussi commune à celle de ces navires.

    Voir aussi

    Pêche et grands bateaux meurtriers pour les baleines en Atlantique nord

    Les zones très fréquentées par les requins-baleinesrequins-baleines et les gros navires sont celles dans lesquelles les requins meurent le plus souvent à cause de collisions et il s'agit notamment des golfes côtiers. Les auteurs indiquent par ailleurs que la dernière position connue de nombreux requins-baleines se trouve dans une zone à fort risque de collision.

    Les collisions entre les gros navires et les requins-baleines engendrent de graves blessures et certaines d'entre elles peuvent causer la mort de ces chondrichtyens. © Simon Pierce
    Les collisions entre les gros navires et les requins-baleines engendrent de graves blessures et certaines d'entre elles peuvent causer la mort de ces chondrichtyens. © Simon Pierce

    Les derniers enregistrements de position de ces individus semblent indiquer que les corps ont coulé au fond de l'océan après que l'individu a été victime d'une collision. Ceci expliquerait le fait que les effectifs de R. typus continuent à diminuer malgré les mesures de protection et sans que les corps des victimes ne soient retrouvés. Les auteurs appellent donc à une mise en place de mesure de protection contre ces collisions, dans un monde où le trafic maritime ne cesse d'augmenter.