En matière de catastrophes météo, nous pensions avoir tout vu au cours de l'été 2022. Mais voilà que celui de 2023 semble vouloir monter encore d'un niveau : canicule record au sud de l'Europe, vague de chaleur sous-marine, mégafeux au Canada, violents orages et tornades en France... Alors, la météo de l'été 2023 est-elle vraiment plus déchaînée que celle des années précédentes ?


au sommaire


    À la question « y-a-t-il plus d'événements extrêmes qu'avant ? », la réponse est complexe. Tout d'abord, parce que les catastrophes météométéo sont désormais plus visibles. En raison des vidéos des smartphones, qui permettent de réaliser l'ampleur des dégâts d'un événement partout dans le monde, mais aussi en raison des satellites et observations beaucoup plus détaillés qu'avant. Rien, ou presque, ne nous échappe désormais, alors qu'avant, beaucoup de catastrophes passaient inaperçues. Autre paramètre à prendre en compte, l'urbanisation : plus de bâtiments et plus d'activité humaine entraînent forcément un plus grand risque qu'un phénomène météo engendre des dégâts.

    Mais pour autant, en ce qui concerne certains phénomènes, les conséquences du réchauffement climatique sont indéniables. Parmi tous les phénomènes météorologiques destructeurs, prenons l'exemple de quatre d'entre eux :

    Les canicules et incendies sont clairement plus intenses, précoces et durables

    Les canicules sont plus intenses, plus durables et parfois plus précoces qu'avant. Ainsi, en Amérique du nord et du sud, comme dans le sud de l'Europe, de nombreux records de chaleurchaleur ont été battus ces dernières semaines : 49 °C en Algérie, 48 °C en Sardaigne, 46 °C en Grèce, 35,5 °C en Colombie-Britannique au Canada, ou encore 38 °C au Chili en plein hiver début août ! En dehors des températures en elles-mêmes, la duréedurée de la canicule a aussi été record en Grèce, 16 jours, du jamais-vu depuis le début des relevés météo. Au Canada, c'est la localisation très au nord de ces fortes chaleurs qui a été marquante, avec des températures supérieures à 30 °C aux portes de l'arctique en plein été.

    Les incendies canadiens dépassent tout ce qui a été connu jusqu'à maintenant : en termes de surface brûlée (11 millions d'hectares début août), en termes de nuage de cendres (1,4 millions de km2), en termes de pollution au CO2 (plus d'un milliard de tonnes), en termes d'ampleur et de durée (plus de 4 200 feux). Même en 2021 et en 2014, deux étés noirs en ce qui concerne les incendies canadiens, les chiffres étaient bien moins importants. À l'inverse, d'autres pays ont jusqu'à maintenant connu une situation relativement calme niveau incendies, comme la France. Mais dans le reste de l'Europe, touchée par la canicule, certains feux ont été majeurs, comme sur l'île de Rhodes en Grèce, ou encore en Espagne, de manière précoce en avril.

    La température de l'eau des océans est sans précédent

    Les températures de l'eau « explosent » littéralement tout ce qui a été enregistré jusqu'à maintenant : au 1er août, la température moyenne de surface des océans atteignait 21 °C, contre 20,7 °C en 2022, et contre une moyenne 1982-2011 de 20,2 °C. Plus alarmant encore, la température moyenne de surface de l'océan atlantique a atteint la barre symbolique des 25 °C le 31 juillet, contre 24,1 °C en 2022, et contre une moyenne 1982-2011 de 23,6 °C. Il s'agit ici de records de températures depuis le début des relevés, mais comme l'indique une étude publiée dans Nature Communications, il n'est pas sûr que les océans du passé très lointain aient été vraiment plus chauds que ceux d'aujourd'hui.

    Aucune certitude sur les violents orages et tornades en France

    Les violents orages, grêlons géants, et tornadestornades en France sont difficilement comparables aux événements du passé car les relevés pour ces phénomènes violents sont très récents, en général depuis une trentaine d'années seulement. S'il est encore trop tôt pour obtenir les chiffres de comparaison entre l'été 2023 et l'été 2022 (déjà marqué par de violents orages et des grêlons géants), l'organisme Keraunos dispose d'un autre type de relevés : l'instabilité convective,  le « Cape » (Convective Available Potential Energy), soit le potentiel orageux. Comme le précise Keraunos, « tous mois confondus, c'est juillet 1983 qui détient actuellement le record du mois le plus instable en France depuis 1836. À l'inverse, le record du mois le plus stable revient à février 2012. En moyenne annuelleannuelle, 2018 est pour le moment l'année la plus instable qu'ait connue la France. L'année 1954 détient pour sa part le record de l'année la plus stable depuis 1836 ». Côté tornades, l'année 2022 a été marquée par 22 tornades confirmées, contre 50 en 2014. Pour l'instant, « seules » 8 tornades ont été confirmées en France en 2023 par l'European Severe Storms Laboratory.

    D'une manière générale, il n'est donc pas certain qu'il y ait vraiment plus d'événements catastrophiques l'été, par contre, ils semblent être plus extrêmes, accentués par la chaleur excessive, mais aussi plus durables et parfois précoces.