Les découvertes de nouvelles espèces de cératopsiens se multiplient en Amérique du Nord depuis quelques années. Le dernier annoncé en date a été découvert il y a  plus de 10 ans par un amateur qui l’a vendu à un musée canadien. Les paléontologues viennent de le décrire dans un article de Plos One.

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    On dit parfois que la majorité des dinosaures ayant existé restent à découvrir sous forme de fossiles. C'est probablement vrai et on n'a guère de difficulté à s'en convaincre lorsque l'on voit une publication faite par un groupe de paléontologuespaléontologues canadiens et états-uniens dans la célèbre revue en ligne Plos One. Bien qu'elle concerne une découverte faite en 2005 par un paléontologue amateur fouillant des sédiments datant du Crétacé, dans le Montana aux États-Unis, c'est essentiellement le Musée canadien de la nature qui fait un large écho à la présentation d'un nouveau cératopsidés. Il y a ainsi un certain nombre de vidéos mises en ligne sur YouTube où l'on peut voir le paléontologue Jordan Mallon nous présenter les restes d'un animal baptisé Spiclypeus shipporum qui vivait il y a environ 76 millions d'années dans une plaine alluviale.

    Ce nom barbare vient du latin Spiclypeus, qui signifie « bouclier à épines » car la collerette qu'il partage avec des cératopsidés était festonnée d'épines triangulaires Shipporum rend hommage à Bill Shipp, un physicienphysicien à la retraite possédant le terrain où son activité de paléontologue amateur l'a conduit à extraire les restes du dinosaure avant de les vendre au musée canadien. Il s'agissait d'environ la moitié du crânecrâne ainsi que des morceaux de membres, de hanche et de colonne vertébralecolonne vertébrale.


    Une fois qu’on a découvert un fossile de dinosaure, un complexe processus s’enclenche pour extraire les os du sol puis pour les préparer en vue de les étudier et de les exposer. Suivez les étapes de préparation d’un dinosaure à cornes identifié en 2016, au Musée canadien de la nature. © Musée canadien de la nature

    Spiclypeus shipporum, un dinosaure de transition

    L'animal, dont on ignore le genre, a été surnommé Judith, car il a été retrouvé dans les sédiments appartenant à la Formation de Judith River, une célèbre formation géologique datant du Campanien (Crétacé supérieur). Ce qui fait l'originalité de ce cératopsien, cousin du mythique Triceratops, c'est tout d'abord l'orientation des cornes situées au-dessus des yeuxyeux. Elles pointent en effet vers les côtés du crâne. Le dinosaure herbivoreherbivore dénote aussi par les épines qui bordent sa collerette, car certaines pointent vers l'avant alors que d'autres se projettent vers l'extérieur.

    Ces caractéristiques laissent penser que Spiclypeus shipporum constitue une espèceespèce de transition entre des animaux plus primitifs et d'autres comme Kosmoceratops, un autre dinosaure herbivore de la famille des cératopsidés qui vivait pendant le Crétacé supérieur, au Campanien supérieur, dans la partie de l'île-continent Laramidia qui est maintenant l'Utah. La découverte tardive de Spiclypeus shipporum, qui comme d'autres espèces contemporaines de dinosaures ne se trouvent que dans une région bien localisée de l'Amérique du Nord laisse penser que ces animaux occupaient des niches écologiques bien spécifiques.

    L'étude des fossiles de Judith a également fourni des renseignements sur la vie de l'animal. Il est mort à l'âge adulte, alors qu'il avait au moins dix ans, si l'on en croit les anneaux de croissance de ses os. Il a visiblement beaucoup souffert selon l'étude de son humérushumérus qui montre des signes d'arthritearthrite et surtout d'une ostéomyélite localisée près de son coude. Cette infection de l'os a dû lui causer de terribles souffrances pendant des années, l'empêchant de se servir de son membre avant gauche pour se déplacer.