Après avoir surpris le monde en dévoilant un fossile de serpent de 13 mètres de long, la mine de Cerrejón fait à nouveau parler d’elle, cette fois pour une tortue géante d'une espèce inconnueCarbonemys cofrinii. La carapace de ce fossile mesure 172 cm de long. Son propriétaire, qui vivait en eau douce, ne devait pas craindre pas les crocodiles, bien au contraire…

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    Reconstitution artistique de Carbonemys cofrinii. Elle tient dans sa gueule un petit crocodilomorphe. D'autres restes de tortues fossiles ont été trouvés dans la mine de Cerrejón. Ils appartiennent à des espèces plus petites et possèdent souvent des traces de morsures attribuées à des crocodiles. Cependant, ces derniers devaient se sentir impuissants face à la taille de la tortue du charbon. © Liz Bradford

    Reconstitution artistique de Carbonemys cofrinii. Elle tient dans sa gueule un petit crocodilomorphe. D'autres restes de tortues fossiles ont été trouvés dans la mine de Cerrejón. Ils appartiennent à des espèces plus petites et possèdent souvent des traces de morsures attribuées à des crocodiles. Cependant, ces derniers devaient se sentir impuissants face à la taille de la tortue du charbon. © Liz Bradford

    La mine de Cerrejón, qui s'étend sur 69.000 hectares en Colombie, serait l'une des plus grandes zones d'extraction de charbon à ciel ouvert du monde. Elle a été le théâtre d'une découverte de taille en 2009. Des paléontologuespaléontologues y ont en effet trouvé un fossile de serpent long de 13 mètres. De son vivant, le titanesque boa de Cerrejón, Titanoboa cerrejonensi, aurait pu peser jusqu'à 1,25 tonne et se nourrissait entre autres de crocodiles.

    Cette région semble avoir été propice au développement de reptiles géants il y a 60 millions d'années (Paléocène), près de 5 millions d'années après la disparition des dinosaures. Des paléontologues, menés par Edwin Cadena de la North Carolina State University, viennent de décrire dans le Journal of Systematic Palaeontology une nouvelle espèceespèce de tortuetortue qui possédait la deuxième plus grande carapace connue pour le sous-ordre des pleurodires. Petit détail, mais qui a son importance, la tortue du charbon, c'est son nom, aurait pu manger des crocodilescrocodiles.

    La nouvelle espèce fossile <em>Carbonemys cofrinii </em>affiche des dimensions<em> </em>impressionnantes pour une espèce d'eau douce. Des tortues marines actuelles, telles que cette tortue luth, peuvent tout de même atteindre 2 mètres de long. © annemanudebouv, Flickr, CC by-nc-sa 2.0

    La nouvelle espèce fossile Carbonemys cofrinii affiche des dimensions impressionnantes pour une espèce d'eau douce. Des tortues marines actuelles, telles que cette tortue luth, peuvent tout de même atteindre 2 mètres de long. © annemanudebouv, Flickr, CC by-nc-sa 2.0

    Un gigantisme d'une tortue d’eau douce

    Les pleurodires ont la particularité de replier leur cou horizontalement en S, et non verticalement. La nouvelle espèce, classée au sein de la superfamille des pelomedusoidés, se nomme Carbonemys cofrinii, en référence au site où elle a été trouvée et donc au charbon. Le crâne extrait de la mine mesure 24 cm de long et 16 cm de large. Une carapace trouvée à proximité, et attribuée au même animal, présente quant à elle une longueur de 172 cm. Par comparaison, les actuelles tortues géantes des Seychellestortues géantes des Seychelles (Geochelone gigantea) ou tortues géantes des Galápagos (Geochelone nigra) atteignent une taille maximale de 120 cm.

    Cette nouvelle espèce n'était pas la plus grande de son époque, mais bien celle du milieu qu'elle occupait. Selon les auteurs, elle serait la première preuve de l'existence d'un gigantisme chez les tortues d'eau douceeau douce. Elle vivait dans un environnement ressemblant à celui de l'actuel deltadelta du Mississippi, mais sous un climatclimat plus chaud. Plusieurs changements au sein des écosystèmesécosystèmes de la région du Cerrejón auraient été propices au développement de reptiles de grande taille : une diminution du nombre de prédateurs, des ressources alimentaires en suffisance, une augmentation des espaces disponibles et enfin un réchauffement du climat. Des études devront maintenant confirmer ou infirmer ces hypothèses.

    Cet animal était omnivoreomnivore mais il devait apprécier la viande. La puissance et la robustesse de ses mâchoires laissent penser qu'il pouvait très certainement se nourrir d'autres tortues ou même de petits crocodiles. Un seul spécimen de cette espèce a été trouvé à ce jour. L'un des auteurs, Dan Ksepka, avance une nouvelle hypothèse pour expliquer ce détail : les besoins de la tortue du charbon étaient tels qu'elle a probablement éliminé ou provoqué la fuite de ses concurrents. Par conséquence, il existe peu de chance de retrouver plusieurs Carbonemys cofrinii  fossilisées à proximité les unes des autres.