Il y a 60 millions d’années, un cousin du crocodile faisait vraisemblablement partie des proies du titanoboa, le plus grand serpent connu au monde. Avec cette nouvelle espèce, la faune équatoriale du Paléocène se précise...

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    Alex Hastings, du Florida Museum of Natural History, mesure un fragment de mâchoire d’un ancien crocodile qui vivait il y a 60 millions d’années. Cet os provient du même site que les fossiles de titanoboa. Ce crocodile devait donc sûrement être l’une des proies du serpent géant. © Jeff Gage / Université de Floride

    Alex Hastings, du Florida Museum of Natural History, mesure un fragment de mâchoire d’un ancien crocodile qui vivait il y a 60 millions d’années. Cet os provient du même site que les fossiles de titanoboa. Ce crocodile devait donc sûrement être l’une des proies du serpent géant. © Jeff Gage / Université de Floride

    Une nouvelle espèce de crocodile préhistorique vient d'être décrite par les chercheurs de l'Université de Floride. Ce fossile est issu de la formation de Cerrejón en Colombie, l'une des plus grandes mines de charbon à ciel ouvert. Cette formation avait déjà livré les restes du plus grand serpent connu, le Titanoboa cerrejonensis ou boa titanesque de Cerrejón.

    Au contraire du titanoboa, ce crocodiliforme (groupe dont font partie les actuels crocodiliens), de la famille disparue des dyrosauridés, est de taille réduite. C'est même le plus petit de cette famille, ce qui lui a valu le nom de Cerrejonisuchus improcerus, le petit crocodile de Cerrejón.

    « Ce nouveau fossile devait clairement faire partie de la chaîne alimentairechaîne alimentaire, à la fois en tant que prédateur et en tant que proie, explique le paléontologiste Jonathan Bloch, du Florida Museum of Natural History (FLMNH). Les serpents géants d'aujourd'hui sont connus pour manger des crocodiliens, et il n'est pas absurde de dire que Cerrejonisuchus aurait pu constituer souvent un repas pour le titanoboa. Les fossiles des deux espèces sont souvent trouvés ensemble. »

    Cliquer pour agrandir. Un crocodiliforme passe imprudemment à côté d’un titanoboa qui pourrait en faire son repas. © J. Bourque / Université de Floride

    Cliquer pour agrandir. Un crocodiliforme passe imprudemment à côté d’un titanoboa qui pourrait en faire son repas. © J. Bourque / Université de Floride

    Un écosystème équatorial du passé se révèle

    Peu à peu, la faunefaune du paléoenvironnement du Cerrejón d'il y a 60 millions d'années prend forme. Ce site a déjà permis, outre la description du titanoboa, la première description d'une forêt équatoriale néotropicale d'Amérique latine.

    La morphologiemorphologie du Cerrejonisuchus étonne à plus d'un titre. D'abord sa petite taille, inattendue, dans un environnement où l'évolution des reptilesreptiles tend vers le gigantismegigantisme. Ensuite, contrairement aux autres dyrosauridés, au long museau en forme de pince spécialisé dans la capture de poissonspoissons, ce crocodiliforme possède un museau court et large. Il devait donc avoir un régime alimentaire plus généraliste, constitué d'amphibiensamphibiens, de petits reptiles et mammifèresmammifères.

    « Il semble que Cerrejonisuchus se soit débrouillé pour puiser dans des sources de nourriture qui n'étaient pas exploitées par les autres crocodiliformes plus grands » explique Alex Hastings, auteur principal de l'étude.

    Ces deux caractéristiques montrent que le groupe des dyrosauridés était déjà très diversifié avant la disparition des dinosauresdinosaures, ce qui va à l'encontre de ce que pensaient les scientifiques. Ces dyrosauridés ont disparu il y a 45 millions d'années, après avoir profité des niches écologiques laissées par les reptiles marins du CrétacéCrétacé (mosasauresmosasaures et plésiosaures).