Aucune goutte de pluie n'est tombée sur certaines régions du nord depuis près d'un mois, aggravant la sécheresse à un niveau « extrême » sur la région Grand Est. 


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    Le blocage météométéo dure depuis 3 semaines sur la moitié nord du pays : l'anticyclone a décidé de se loger entre les îles Britanniques et la France depuis la mi-mai. Aucune perturbation pluvieuse n'arrive donc à passer au nord de la Loire, et en plus de ce temps sec, un vent de nord-est souffle tous les jours sur cette zone. C'est donc une véritable « sécheresse éclair » qui s'est mise en place et qui a complètement asséché les sols pourtant gorgés d'eau au début du mois de mai.

    Toute la moitié nord est donc à nouveau en état de sécheresse (de surface, dite agricole), mais la situation s'est surtout aggravée sur la région Grand Est : une grande partie de celle-ci est actuellement en état de sécheresse extrême, le niveau le plus élevé sur une échelle de 5. Les zones de Nancy, Strasbourg, Belfort, ou encore Besançon sont dans le rouge vif, car aucune pluie n'est tombée depuis environ 1 mois.

     La sécheresse de surface est extrême (rouge foncé) sur le nord-est, ainsi que sur une partie de la Normandie. Elle est soit exceptionnelle (orange foncé) soit sévère (orange moyen) ailleurs au nord. © Windy
     La sécheresse de surface est extrême (rouge foncé) sur le nord-est, ainsi que sur une partie de la Normandie. Elle est soit exceptionnelle (orange foncé) soit sévère (orange moyen) ailleurs au nord. © Windy

    Météo France précise que « les stations de Paris-Montsouris (75) et Lille-Lesquin (59) n'ont pas reçu de pluie significative (précipitations quotidiennes supérieures à 1 mm) depuis le 16 mai dernier ». Nantes n'a pas reçu d'eau depuis le 11 mai et Strasbourg depuis le 10 mai. La situation devient préoccupante, mais l'organisme de prévisions rappelle qu'elle n'est pas inédite pour autant.

    Malgré les orages, le blocage météo est parti pour durer

    Les premiers incendies de grande ampleur ont débuté ce mercredi 7 juin au nord de la France, en particulier dans le Finistère. Dans sa nouvelle météo des forêts, Météo France indique que le nord-est et l'Ile-de-France sont actuellement les zones les plus à risque concernant les incendies ce vendredi 9 juin.  

    La météo des forêts pour ce vendredi 9 juin signale un risque de feux au nord-est et en Ile-de-France, de niveau modéré. © Météo France
    La météo des forêts pour ce vendredi 9 juin signale un risque de feux au nord-est et en Ile-de-France, de niveau modéré. © Météo France

    Ce blocage météo va légèrement évoluer ce week-end au nord de la France, avec l'arrivée d'orages parfois très pluvieux. Les plus fortes averses devraient éclater au nord-ouest, et non pas au nord-est, qui sera peu touché, malgré son besoin de précipitations. Les températures vont ensuite baisser à la suite des orages, mais l'anticyclone va regonfler et le blocage devrait être de retour sur la moitié nord.  

     


    Une sécheresse éclair frappe la moitié nord de la France

    Article de Karine DurandKarine Durand, publié le 3 juin 2023

    La moitié nord de la France est touchée par une sécheresse éclairéclair, un assèchement fulgurant des sols et de la végétation en raison de conditions météo précises. Ce phénomène récent tend à se multiplier en Europe depuis quelques années.

    Le répit n'aura été que de courte duréedurée au nord du pays : après les fortes pluies de mars et d'avril qui ont fait disparaître la sécheresse de surface, la situation a complètement basculé à partir de la mi-mai. Un large anticyclone s'est positionné au nord de l'Europe et il semble désormais impossible de le déloger. Un temps sec s'est alors mis en place, les températures sont devenues estivales, et un vent de nord-est s'est mis à souffler de manière quotidienne.

    Cette bise, comme on l'appelle couramment, est un vent qui assèche. En soufflant à 40/50 km/h sur la moitié nord, avec un taux d'humidité dans l'airair de seulement 20 à 30 %, les effets ont été très rapides : le sol et la végétation se sont complètement desséchés en l'espace de 2 semaines. Il s'agit d'une sécheresse éclair, un phénomène météo qui a tendance à se multiplier depuis les années 1950, selon une étude publiée dans Science.

    Le terme est une traduction de l'expression américaine flashflash drought, mais l'organisme de référence Météo France se veut prudent sur l'emploi du terme : ses ingénieurs météorologuesmétéorologues se refusent pour le moment à l'utiliser.

    Des sols desséchés, mais un impact limité sur les cultures

    Les régions tempérées et humides du monde, comme l'Europe, sont les plus touchées. Là où une sécheresse classique se produit sur le long terme (plusieurs mois), une sécheresse éclair se produit en 30 à 45 jours, et même 7 jours pour les plus extrêmes. Si l'événement a lieu en dehors de la saisonsaison habituellement sèche (l'été), les dégâts sur la végétation peuvent être importants. Lorsque tous les paramètres météo sont réunis (chaleurchaleur, absence de pluie, ensoleillement d'environ 14 h par jour à cette période de l'année, vent de nord-est), l'évapotranspiration s'effectue de manière très rapide : l'eau du sol et des végétaux est renvoyée dans l'atmosphèreatmosphère sous forme gazeuse.

    Les sols ne sont pas encore en état de stress hydriquestress hydrique : les précipitations ont été très importantes au nord au printemps. Selon l'agroclimatologue Serge Zaka, il y a « peu d'impact sur les cultures d'hiverhiver pour le moment. Par contre, cela peut poser des problématiques de développement pour les nouveaux semis : pomme de terrepomme de terre, betterave, maïsmaïs etc. ». Les jeunes pousses vont en effet avoir du mal à percer la couche de terre sèche.

    Cette sécheresse éclair va continuer à s'aggraver au moins jusqu'au 10 juin. Le vent de nord-est va tout de même faiblir, au moment où la chaleur va se renforcer, c'est-à-dire à partir du 7 juin. Les 30 °C seront atteints au nord, avec toujours aucune pluie en prévision.