Au rift du Hess Deep, les opérations de l’expédition IODP 345, Hess Deep Plutonic Crust, se poursuivent. Après l’étude du plancher océanique, les foreurs du JOIDES Resolution sont passés à la phase de prospection de puits pilote. Pour Futura-Sciences, Jean-Luc Berenguer commente, images à l'appui, les résultats de cette mission délicate et passionnante.

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    La mission Hess Deep Plutonic Crust (IODP 345) a pour objectif de forer la croûte océanique et d'atteindre les roches magmatiques primitives. Plus facilement accessibles au rift du Hess Deep, dans le Pacifique, ces roches éclaireront les chercheurs sur le mode de fabrication de la croûte océanique au niveau des dorsales rapides. Après avoir identifié la zone de forage par sismique réflexion, les scientifiques à bord du JOIDES Resolution réalisent des puits pilotes.

    Le JOIDES Resolution équipé avec 7.500 m de tiges de forage

    Un site pilote permet d'évaluer la qualité potentielle d'un point du fond océanique avant d'y entreprendre un puits pérenne. Pour cela, un long train de tiges est descendu sur le site à l'aide du derrick du JOIDES Resolution. Le derrick, cette tour de foragetour de forage, mesure près de 45 m de haut. L'outil permet de manipuler 30 m de tiges de forage à la fois. Le navire a embarqué un total de 7.500 m de tiges de forage.

    À gauche, le derrick sur le bateau scientifique de forage <em>JOIDES Resolution. </em>Il mesure 45 m de haut, et permet de déplacer 30 m de tiges de forage simultanément. À droite, les tiges de 13 cm de diamètre. Le navire en a embarqué pour un total de 7.500 m. © Jean-Luc Berenguer

    À gauche, le derrick sur le bateau scientifique de forage JOIDES Resolution. Il mesure 45 m de haut, et permet de déplacer 30 m de tiges de forage simultanément. À droite, les tiges de 13 cm de diamètre. Le navire en a embarqué pour un total de 7.500 m. © Jean-Luc Berenguer

    La descente progressive du train de tiges et l'ouverture du puits sous 5.000 m d'eau sont suivies par caméra. Mais au rift du Hess Deep, la situation est délicate. En effet, le relief est très accidenté et le plancher océanique est couvert de sédiments auxquels se mêlent beaucoup d'éboulis.

    « Malheureusement, les puits ne sont pas stables, commente Jean-Luc Berenguer. Ils s'écroulent et se bouchent les uns après les autres. On passera par plusieurs tentatives, chacune minutieusement numérotée U1514 A, B, C... »

    Une capture d'écran de la transmission vidéo que reçoivent les scientifiques à bord du <em>JOIDES Resolution </em>lors de la descente des tiges. © Jean-Luc Berenguer

    Une capture d'écran de la transmission vidéo que reçoivent les scientifiques à bord du JOIDES Resolution lors de la descente des tiges. © Jean-Luc Berenguer

    Le carottage au Hess Deep, un vrai travail d’équipe international

    Pour chaque puits pilote, le carottage reste superficiel et ramène, après de nombreuses heures, quelques dizaines de centimètres de carottes. « Chaque puits apporte son lot de surprises, tantôt de beaux échantillons de gabbrosgabbros, même si pour la plupart il s'agit d'éboulis... tantôt du sablesable provenant de la décomposition de ces gabbros », explique Jean-Luc Berenguer. Dans chaque carotte, les roches sont minutieusement étudiées à l'échelle macroscopique puis microscopique. Chaque spécialiste apporte et partage son expertise.

    Les chercheuses expertisent différentes carottes à l'échelle macroscopique (à gauche) tandis qu'à droite, un chercheur examine au microscope des échantillons de gabbros. © Jean-Luc Berenguer

    Les chercheuses expertisent différentes carottes à l'échelle macroscopique (à gauche) tandis qu'à droite, un chercheur examine au microscope des échantillons de gabbros. © Jean-Luc Berenguer

    Le puits U1415 I sera finalement le plus prometteur avec une belle carotte de 1,5 m de gabbros arrachés au fond océanique. La décision est prise : la phase de création d'un puits définitif se déroulera sur ce site. « À présent, on va pratiquer une ouverture conséquente dans le plancherplancher océanique, y fixer un cônecône d'entrée qui matérialisera le puits et permettra d'y revenir autant de fois que nécessaire », précise Jean-Luc Berenguer. Mission délicate et de la plus haute importance !