Les orangs-outans de Bornéo sont stressés par les humains qui viennent leur rendre visite dans le cadre de l'écotourisme. Heureusement pas durablement. L'analyse des fèces de ces primates indique que ce stress n'est pas chronique.

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    L'orang-outan de Bornéo est sur la liste rouge de l'UICN, dans la catégorie des espèces en danger. © Daniel Kleeman, Flickr, cc by 2.0

    L'orang-outan de Bornéo est sur la liste rouge de l'UICN, dans la catégorie des espèces en danger. © Daniel Kleeman, Flickr, cc by 2.0

    L'écotourisme est une façon de sensibiliser les gens à la biodiversité, la nature, la fragilité de l'environnement, etc. Accessoirement, cette activité permet de récolter des fonds pour des programmes de conservation, indispensables à la protection de la biodiversité. Mais il ne faut pas que certains êtres vivants pâtissent de l'écotourisme. Malheureusement, la présence d'humains a tendance à stresser les animaux. Mais pas toujours durablement. L'orang-outan de Bornéo (Pongo pygmaeusPongo pygmaeus), par exemple, semble être capable de bien gérer ce stressstress.

    Comme la plupart des animaux, ce primate subit un pic de stress les jours où des humains sont présents sur son habitat. C'est en analysant les fècesfèces de ces singes que des chercheurs américains et malaisiens sont parvenus à ces conclusions. Ils ont prélevé les déjections (53) de deux singes exposés à l'écotourisme depuis des années au sein du sanctuaire de Kinabatanga, qui se situe à l'intérieur de la région de Sabah, à l'extrême nord de l'île de Bornéo. Les échantillons ont été récoltés avant, pendant et juste après l'apparition des humains.

    Des glucorticoïdes dans les fèces d'orangs-outans : signe de stress

    Qu'est-ce que les scientifiques ont observé dans les déjections ? Des métabolitesmétabolites de glucocorticoïde. Ce sont les produits issus de la dégradation de cette moléculemolécule et leur présence traduit la sécrétionsécrétion de cortisolcortisol, une hormonehormone de stress. Ces résultats ont ensuite été comparés aux taux dans les fèces d'orangs-outans non exposés à l'écotourisme.

    Un capucin au Costa Rica, escaladant une pancarte sur laquelle est indiqué « Protégeons notre faune ». Un des crédos de l'écotourisme. © HBarrison, Flickr, cc by sa 2.0

    Un capucin au Costa Rica, escaladant une pancarte sur laquelle est indiqué « Protégeons notre faune ». Un des crédos de l'écotourisme. © HBarrison, Flickr, cc by sa 2.0

    Ainsi que les chercheurs le suspectaient, le taux de glucocorticoïdes retrouvé dans les fèces prélevées le lendemain des activités d'écotourisme était plus élevé que dans celles d'avant la venue des humains sur l'espace vital des singes, témoignant d'une production de cortisol plus élevée le jour de présence des touristes.

    Un stress non chronique... pas pour tout le monde

    Ainsi, même des singes habitués depuis des années à la présence ponctuelle de touristes, ont encore une réponse au stress lors de ces visites. Cet état n'est donc pas chronique. Une observation en contradiction avec de précédentes études sur d'autres animaux. Des analyses avaient en effet montré que les cerfs élaphes ou les loups étaient durablement stressés par la présence des humains. Cependant, les scientifiques notent que cette réponse physiologique peut dépendre de nombreux facteurs comme la distance entre les hommes et les animaux, ou les possibilités de fuite de ces derniers.

    Quoi qu'il en soit, ces études montrent à quel point le tourisme vert doit être encadré. Le développement de ces activités représente une manne financière. Par exemple, l'observation des baleines et des dauphins aurait rapporté environ 1 million de dollars en 1998. Les dérives sont donc tentantes. Il ne faudrait pas que le tourisme se retourne contre ce qu'il est censé protéger.