Dans le tourisme, l’écologie est à la mode et les gîtes, les hôtels voire les grandes chaînes internationales proposent des séjours labellisés « éco ». Pascal Languillon, un promoteur de cette activité, créateur d’un site spécialisé (Voyages pour la planète), y croit et démontre le bien-fondé de la démarche. Le mouvement reste modeste mais c’est une « tendance lourde ».

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    Du tourisme durable au tourisme responsable, les courants d'airair pur soufflent sur les vacances. On trouve des labels et des offres les plus diverses, du gîte rural moderne à l'écolodge d'hyperluxe en pleine forêt indonésienne. Mais qu'est-ce vraiment que l'écotourisme ? Nous avons posé la question à Pascal Languillon, président de l'Association française d’écotourisme, créateur du site Voyages pour la planète et consultant dans ce domaine. Pour lui, les labels existants sont une bonne chose mais les touristes ne les connaissent que rarement et bien des petites structures n'ont pas fait la démarche de labellisation. L'essentiel serait d'abord un état d'esprit...

    Pascal Languillon : « <em>l’écotourisme, c'est un état d'esprit</em> ». © DR

    Pascal Languillon : « l’écotourisme, c'est un état d'esprit ». © DR

    Futura-Sciences : Qu'entend-on, finalement, par écotourisme ?

    Pascal Languillon : C'est appliquer les principes du développement durable au tourisme ! Il y a une certaine confusion dans le terme... Certains, par exemple, excluent les prestations trop luxueuses. Ce qui est important, en revanche, c'est le respect de l'environnement, au sens de la nature mais aussi de l'économie sociale. Il ne suffit pas d'installer des panneaux solaires dans l'hôtel pour faire de l'écotourisme. Il faut aussi respecter les locaux. C'est plus un état d'esprit.

    Le public est-il vraiment demandeur ?

    Pascal Languillon : Oui il y a une demande. Mais l'effort vient d'abord de l'offre. Elle émane de nombreux propriétaires d'hôtels. Même les grands groupes, comme le Club Méditerranée, se mettent au développement durabledéveloppement durable. Et le public a bien répondu. Les clients viennent y chercher des endroits souvent beaux, rénovés, avec un environnement naturel agréable. C'est aussi l'assurance d'un certain confort.

    N’y a-t-il pas parfois tromperie sur la marchandise, ce que l’on appelle du greenwashing ?

    Pascal Languillon : C'est marginal. Les consommateurs voient rapidement la supercherie, quand le côté « éco » se limite à une étiquette dans la salle de bains conseillant de ne pas faire laver les serviettes propres. C'est sans doute plus fréquent en ville. Mais dans les gîtes ou les hôtels de campagne, c'est souvent une carte qui est jouée à fond. C'est pourquoi il faut des labels. Les touristes ne les connaissent pas précisément mais ils leur font en général plutôt confiance.

    S’il ne fait pas de mal à la nature, l’écotourisme fait-il pour autant du bien ?

    Pascal Languillon : Oui. En France, on peut peut-être discuter ce point. Dans de nombreux pays, cependant, il aboutit à une vraie protection de l'environnement. Au Costa Rica, par exemple, 25 % du territoire est protégé. Mais comment financer cette protection ? Si on se contente de fermer un territoire, il faut organiser la surveillance, faute de quoi les braconniers font leur apparition. Si le tourisme devient une activité économique importante, le braconnier se fait guide touristique.

    Faut-il limiter un territoire à une certaine quantité de touristes ?

    Pascal Languillon : La capacité de charge - c'est le terme consacré - est une notion connue, représentant le nombre maximal de personnes pouvant vivre sur un territoire donné sans l'altérer. Par exemple, on considère que le site du Machu Picchu ne peut pas accueillir plus de deux mille personnes par jour.

    Peut-on quantifier l’écotourisme ?

    Pascal Languillon : Difficilement. Il y a eu des études de faites mais la réponse dépend de la définition que l'on se donne. Il faut comprendre que l'écotouriste n'existe pas. Je veux dire que n'importe qui peut aimer faire de l'écotourisme mais peu le feront systématiquement à chaque séjour en vacances. Puisqu'il faut un chiffre, je dirais que l'écoutourisme représente moins de 5 % de l'activité touristique depuis la France.

    Cette demande augmente-t-elle ?

    Pascal Languillon : Oui. C'est une tendance lourde, de fond... Ce n'est pas une explosion, comme ce que l'on observe dans le domaine du spa. Lorsque nous avons créé notre site, nous avions recensé cinquante hébergements ou séjours écologiques. Aujourd'hui il y en a plus de six cents. Cela continuera à croître. Les gens vivent de plus en plus en ville et veulent de plus en plus passer des vacances dans la nature.

    Comment se fait-on « écolabelliser » ? Les petits établissements en ont-ils les moyens ?

    Pascal Languillon : Il faut effectivement faire un dossier, soumis à une association ou à l'Afnor pour un label européen, puis payer une redevance pour utiliser le logo. Les petites structures n'en ont pas toujours les moyens. Des sites comme le nôtre les recensent aussi et aident les consommateurs à y voir plus clair...